Le jeune Lucien est un personnage stendhalien en devenir. Riche, et brillant dans de nombreux domaines, il a, face à l'amour, une attitude de parfait néophyte. La première partie du roman Lucien Leuwen représente une ascension dans la société mondaine, et dans le coeur de Madame de Chasteller. Nous trouvons ici la seconde occurrence de cette scène où Lucien tombe de cheval, scène que l'on avait rencontrée neuf chapitres plus tôt. Le héros a depuis fait son entrée dans l'aristocratie, mais l'ennui qu'il éprouve le pousse en quête de nouveauté. De plus, il a eu l'occasion de s'informer au sujet de Mme de Chasteller, afin d'amoindrir l'importance de cette chute (...)
[...] Pourtant, lui est persuadé de son indifférence ou de sa moquerie : Ah! Voilà mon jeune officier qui va encore tomber! de même qu'il pense être un obstacle une charrette qui empêche toute progression. Or ce qui force à l'immobilité d'action, ce n'est pas l'indifférence, mais la méprise au sujet de ce que chacun croit comprendre de l'autre. Ainsi, une certaine distance physique a été franchie entre Lucien et Mme de Chasteller, et entre celle-ci et le lecteur _ qui a pu avoir accès à son point de vue. [...]
[...] Pourtant, il est conscient du caractère redondant de son humiliation, et l'auteur joue sur le comique de répétition pour décrire l'état 'âme de son personnage. La répétition de la chute se fait d'une manière doublement narrative, puisque la scène est vécue deux fois, et est aggravée par la narration de la mésaventure dans le salon : il eut le plaisir de l'entendre répéter à chaque nouvel arrivant. On retrouve les mêmes éléments que dans la première scène : les persiennes vert perroquet le petit rideau de croisée en mousseline brodée le cheval maladroit, les cheveux [de Mme de Chasteller] singuliers par leur quantité et la beauté de leur couleur On peut alors se demander si cette scène est vraiment utile à l'oeuvre. [...]
[...] Lorsque la société mondaine tente de la faire chuter de son piédestal, Lucien n'y voit que de l'envie toute pure un heureux prétexte à la médisance, et redouble d'intérêt pour elle, du fait de son mystère : on ne la voyait jamais dans le monde nous n'avons pas le bonheur de lui plaire La femme se fait alors évanescence, simple apparition presque fantomatique, à travers la mousseline brodée ou au détour d'une rue Elle transcende la réalité par sa démarche légère et jeune de Paris ce qui creuse du même coup sa distance. Le héros est désorienté par ses sensations en désaccord avec sa raison. Il brille dans le domaine militaire, il est fortuné. [...]
[...] Stendhal, Lucien Leuwen (éd. Folio Gallimard) Commentaire composé du début du chapitre XIII, jusqu'à il avait baissé les yeux Une deuxième scène de rencontre Le jeune Lucien est un personnage stendhalien en devenir. Riche, et brillant dans de nombreux domaines, il face à l'amour, une attitude de parfait néophyte. La première partie du roman Lucien Leuwen représente une ascension dans la société mondaine, et dans le cœur de Madame de Chasteller. Nous trouvons ici la seconde occurrence de cette scène où Lucien tombe de cheval, scène que l'on avait rencontrée neuf chapitres plus tôt. [...]
[...] L'agacement orgueilleux de Lucien et la rêverie un peu triste de Mme de Chasteller entrent donc en résonance et se font écho. Cette simultanéité est clairement explicite : Son regard modeste et même timide avait été si noble que quand elle contre-passa Lucien, malgré lui, il avait baissé les yeux Cette timidité remplace la forme de connivence de la première scène, et cache déjà des sentiments amoureux. Il s'agit presque du dédoublement d'un même être : le lecteur a accès aux états d'âme de la femme à travers le point de vue interne de l'homme. [...]
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