Dans la seconde moitié du XVIIème siècle, la France est sous la domination du roi Louis XIV. Ses courtisans tentent de se rapprocher de l'idéal de l'Honnête homme, qui serait un homme présentant toutes les qualités extérieures et intérieures. Jean de La Fontaine, pris en charge par le surintendant Fouquet en 1657, entre à la cour de Saint Mandé où il observe la vie des nobles. Onze ans après, il publie son premier recueil des Fables, dédicacé au Dauphin, âgé de 8 ans. Il y dévoile les travers des courtisans imparfaits et de la société en général, qu'il substitue par des animaux anthropomorphes. Le texte étudié Le Loup et l'Agneau, inspiré d'un texte d'Esope, en est la Xème fable et met en scène la confrontation entre deux êtres opposés : un agneau et un loup.
Ainsi nous nous demanderons en quoi cette fable possède une argumentation indirecte à double titre pour peindre les relations entre les puissants et les faibles ?
[...] Par conséquent, le Loup se sert d'un prétexte afin d'engager son réquisitoire, sous forme de question où il accuse l'Agneau de troubler son breuvage (v.7). Il cherche en fait à justifier son acte ; celui de manger l'Agneau. Il va alors utiliser uniquement de faux arguments auxquels l'Agneau répond avec de vrais arguments, tout en restant obséquieux. L'Agneau use des données chiffrées plus de vingt pas au-dessous (v.15) et réfute le prétexte du loup. L'argument est imparable et l'agneau résonne avec logique. [...]
[...] La Fontaine laisse intacte le schéma narratif mais décale la morale ; la plaçant aux deux premiers vers. Comme tout apologue, il a également une visée argumentative, évoquée par le dialogue entre les deux personnages. Un échange argumentatif Le dialogue des vers 7 à 26 est un discours direct, des paroles rapportées accompagnées par des interventions narratives dit (v.8). Ce passage est profondément argumentatif ; on a l'impression d'assister au procès (v.29) de l'Agneau où la thèse du Loup constitue le réquisitoire et celle de l'Agneau le plaidoyer. La Fontaine utilise des animaux pour parler des Hommes. [...]
[...] On peut ainsi parler d'argumentation indirecte. De plus son texte est une référence aux Anciens, ce qui convient aux mœurs de l'époque et répond à la règle de bienséance. Mais cette fable ne peut être réduite à ce constat. La Fontaine va au delà, il nous montre que les puissants ont besoin de justifier leurs crimes alors qu'ils pourraient se contenter de les commettre. Il ne fait aucun doute que cette fable dénonce l'injustice sociale, c'est-à-dire le pouvoir arbitraire envers les faibles. [...]
[...] La césure de certains vers est marquée par une virgule (v.10). Les vers se répondent sous forme de rimes plates (v.1 et croisées et et embrassées (v.4 et 5). Ainsi les liens entre les mots sont mis en évidence, par exemple venge (v.26) et mange (v.28), le second étant la conséquence du premier. Le fabuliste joue également sur le rythme, la mesure étant décroissante des vers 5 à symbolisant la prudence de l'Agneau. Ensuite Le Loup et l'Agneau s'organise autour d'un schéma narratif court et précis, propre au classicisme. [...]
[...] Ainsi le Loup éprouve de la colère (v.11) et tente de toucher l'Agneau, provoquant chez lui de la peur. L'Agneau de son côté tente d'attirer la pitié en faisant référence à sa jeunesse et son innocence je tette encor ma mère (v.21). Ce dialogue argumentatif échangé entre les personnages illustre la morale, comme le dit La Fontaine Nous l'allons montrer tout à l'heure (v.2). Une Morale ironique Les auteurs classiques ont pour habitude d'introduire une morale à leur écrit, afin de porter un enseignement didactique au lecteur. [...]
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