Louis Aragon, "Les yeux d’Elsa", 1942 - "Cantique à Elsa"

Résumé du document

Louis Aragon, poète du XXe siècle, rend hommage à sa femme Elsa Triollet, source de son inspiration, dans le recueil "Les yeux d'Elsa". Écrit pendant la Seconde Guerre mondiale, le recueil est empreint d'un lyrisme fort, mais cache également un engagement résistant du poète. Le poème que nous étudierons et dont nous ferons le commentaire dans ce devoir s'intitule "Cantique à Elsa". C'est le poème qui vient clore le recueil et occupe ainsi une place privilégiée.

Le terme ‘cantique' faisant référence à la musique, on imagine que ce poème est une sorte de chant destiné à la femme aimée, Elsa. Ainsi, nous nous interrogerons sur ce chant et la manière dont Aragon rend hommage à Elsa dans ce poème composé de sept quintils écrits en alexandrins et octosyllabes.

Extraits

[...] Le poète nous ramène ainsi nous lecteur, à notre condition d'humain en s'inquiétant pour sa femme. Le poème soulève ainsi une des grandes inquiétudes de l'homme. On remarque que le poète a une perception troublée du temps. Que sont mille et une nuit pour des amants treize ans c'est comme un jour et c'est un feu de paille montre que le temps est plus ou moins long selon ce à quoi on l'occupe et avec qui. De plus, il insiste à huit reprises sur le nombre ‘treize '. [...]

[...] Aussi, le terme est fort de sens, car cela insinue que l'amour porté à Elsa est pareil à un amour religieux, égal à l'amour que l'on peut avoir pour Dieu. Un amour inconditionnel, spirituel, fort, indestructible. Un amour qui est presque à sens unique puisque l'on n'attend aucun témoignage de l'autre en retour. Le simple fait d'aimer est déjà extrêmement fort. C'est donc placer Elsa hautement que de nommer ce poème Cantique à Elsa. Le titre est alors l'annonce d'une apothéose du recueil, la déclaration d'un amour pur et véritable. [...]

[...] Ils semblent transportés tous les deux dans un monde parallèle, de l'amour, où ils s'adonnent aux plaisirs. D'autant plus que le poète les désignent comme amants ' au deuxième vers du dernier quintil. Une image de l'amour est reprise au dernier quintil : celle du feu, le brasier amoureux, c'est un feu de paille qui brûle à nos pieds Cela participe au romantisme du texte, tout comme l'image du coquillage qui enregistre le bruit de la mer, et que les hommes peuvent écouter. [...]

[...] Dans la première partie, on a pu soulever le problème que représente le temps pour le poète. Ce motif est central dans le poème et va de pair avec le thème de la femme aimée. L'inquiétude première du poète est l‘érosion du temps. En effet, celle-ci conduit fatalement à la mort. Et comme on l'a montré, la crainte du sujet poétique est de perdre sa femme. Le temps est donc un ennemi du poète. Ce qui est senti comme une amertume par le lecteur, c'est la fuite du temps. Cette idée fait partie intégrante du poème. [...]

[...] Le 'tu ' crée immédiatement le rapport existant entre les deux amants dans la réalité, sur le papier. Ainsi, Aragon commence son poème par un vers dans lequel il désigne par trois fois Elsa en la tutoyant, je te touche et je vois ton corps et tu respires Le rythme ternaire du vers vient donner du relief à la démarche en mettant l'accent sur le jeu entre ' et '. Dans le second quintil, le sujet poétique utilise le ‘nous ', ensemble nous trouvons aux pays des merveilles ( ) ce qui achève de rassembler les deux êtres en les unissant. [...]