1834, Lorenzaccio, Alfred de Musset, tension dramatique, dialogue, personnage Philippe, personnage Lorenzo, remise en question, culture, politique, XIXe siècle
Écrit en 1834, quatre ans après l'échec de la Seconde Révolution et le début de la monarchie de Juillet, Lorenzaccio est un drame romantique d'Alfred de Musset inspiré d'un fait historique. En 1537, les républicains entreprennent une révolte contre le tyrannique Alexandre de Médicis. Dans la scène 2 de l'acte III, à l'apogée de la tension dramatique, Philippe, un bourgeois révolutionnaire, tente de s'assurer de la loyauté de Lorenzo envers les républicains. Désespéré, il essaie de le convaincre d'empêcher Alexandre de Médicis, le cousin de Lorenzo, de tuer ses enfants, Pierre et Thomas, mais son interlocuteur ne semble pas réagir.
[...] Étant dans l'urgence, il exprime ses émotions avec d'autant plus de verve. Son discours est empreint de lyrisme dans lequel il exprime sa souffrance et sa crainte. Il s'exclame et emploie le « ô » lyrique, implorant quelque aide mythique « Ô ciel et terre, oui . » (l. 27). Si le bourgeois parvient à se contenir dans la première partie de leur échange en demeurant maître de lui-même, il n'en est plus capable lorsqu'il est question de la mort de ses enfants. [...]
[...] Il l'engage à sortir de sa passivité comme en témoigne la répétition du verbe « agir, agir, agir » (l. 10) qui traduit son empressement. Il redouble son ordre lors de sa réplique suivante en le poussant « à l'action . » (l. 17). Si le vieux bourgeois prend tant de liberté par rapport à sa condition, c'est parce qu'il craint que Lorenzo ne soit pas loyal. En effet, ce dernier jouit d'une très mauvaise réputation qui a même généré le rejet des enfants de Philippe qui « ont douté de [lui] » (l. 24). [...]
[...] Dans les lignes 20 à 25, il énumère ce qu'il a pu faire pour lui « Quand les pierres criaient à ton passage [ . ] je t'ai appelé du nom sacré d'ami » (l. 21-22). Le passé composé fait revivre le souvenir des sacrifices de Philippe et sert à interroger le présent. Désormais, c'est à Lorenzo de se mettre « à l'action » et de prouver son amitié. Si ce dialogue suscite une forte tension, c'est que les enjeux sont graves. [...]
[...] La tension dramatique du dialogue entre Philippe et Lorenzo met bien en valeur les conflits romantiques vis-à-vis de la politique et de la culture. En effet, Philippe est un bourgeois qui domine le noble Lorenzo dans un discours argumentatif efficace. Il montre son opposition face à l'oppression royale et la volonté d'affranchissement du peuple qui rêve de liberté. Cet extrait témoigne d'une remise en question du classicisme, qui va de pair avec la royauté, par un bourgeois qui refuse la fatalité et le destin funeste d'une tragédie, ouvrant ainsi la voie à un nouveau genre théâtral, le drame romantique. [...]
[...] Elles soulignent l'ambivalence du personnage de Lorenzo qui apparaît comme le protagoniste d'une « hideuse comédie » (l. et qui joue « le rôle de boue et de lèpre » (l. 19). Philippe redoute que son ami ne se retourne contre lui pour protéger son cousin et partager les travers de ce dernier. Il s'agit alors, pour le vieux bourgeois, de s'assurer de la fidélité de son ami. Pour ce faire, il lui rappelle les liens qui les unissent et leur proximité. [...]
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