Commentaire littéraire d'un extrait du chapitre X ("la mort" de la Lison) de la La Bete Humaine (1890) d'Emile Zola.
[...] Cette évocation peut aussi nous inciter à une réfléxion : qui est le héros du roman ? Jacques Lantier, victime de la tare originelle des Macquart, la fêlure que va rouvir la mort de la locomotive, ne semble guère en avoir les caractéristiques traditionnelles. Cependant, cette hérédité à laquelle il ne peut échapper, qui va en faire un criminel, une bête humaine s'apparente à la fatalité et lui donnera alors un aspect tragique. Mais ici le véritable personnage, c'est la Lison. [...]
[...] Il emploie un registre très réaliste du corps déchiqueté : ce broiement le souffle . échappé si violemment de ses flancs ouverts ses entrailles crevées la géante éventrée ce coloss broyé avec . ses organes meurtris ( dans cette phrase on notera l'accumulation des termes et allitérations en R la vie arraché, dans la douleur Cette mort violente est aussi évoquée par les termes blessée à mort en agonie Cependant à cette vision à la fois réaliste et tragique va s'ajouter une grande émotion, car c'est à travers le personnage de Jacques que nous voyons mourir sa locomotive bien-aimée. [...]
[...] On remarque l'emploi d'un lexique technique, tel que l'utiliserait un expert pour désigner l'intérieur de la locomotive à vapeur : les braises , foyer mare noire de charbon on avait pu voir . les pistons battre . la vapeur circuler dans les tiroirs les bielles ; pour l'extérieur : tas de fer, d'acier et de cuivre Un personnage romanesque La bête humaine : pendant tout le roman, la locomotive est personnifiéée en un être féminin ou comparée à un cheval, surtout à une cavale Elle est un personnage à part entière. [...]
[...] ; une métaphore filée fait de la machine un être vivant : le bruit de la vapeur est le souffle qui s 'était échappé de ses flancs puis une petite plainte d'enfant ; les pièces qui la composent sont des entrailles ses organes son tronc . ses membres . La locomotive est blessée à mort connaît une agonie puis devient un cadavre humain Mieux encore, elle est pourvue une âme qui en faisait une force vivante Une héroine épique : on trouve des expressions hyperbolique qui transforment la machine en animal fabuleux ou en personnage d'épopée : un cadavre . immense , une haleine immense la géante . [...]
[...] ; il n'y avait pas de sa faute Comme pour un animal ou un humain, il parle d'âge qui arrive pour évoquer les vieillissement de la machine et surtout de sa maladie contractée dans la neige , qui rappelle la lutte qui va l'endommager, au chapitre VII. La compassion : la personnification de la pauvre Lison »renforde ainsi le pathétique et permet de comprendre la douleur de Jacques dérobé d'un gros chagrin auquel semble correspondre d'ailleurs celle de la machine le souffle . s'achevait en une petite plainte d'enfant qui pleure L'expression l'affreuse tristesse de tout un monde qui avait vécu intensifie l'aspect pathétique du passage. [...]
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