Grandeur ne signifie pas perfection, et si l'on savait avant La Rochefoucauld que « les vices entrent dans la composition des vertus, comme les poisons entrent dans la composition des remèdes. »
Roland n'est pas un homme parfait, à savoir un être de raison ou un robot de moraliste. Il n'est pas non plus un héros de la volonté, ou il l'est comme le héros cornélien, dont la volonté ne commande pas la passion mais en est commandée. Au fait, se nobles passions comportent de petites dosses de poison –excès d'amour propre, haine envers le paraître- qui le vivifient. Il a son grain de folie, qui est le levain de son héroïsme téméraire.
La chanson de Roland relate le drame de Roncevaux. La première partie de l'œuvre met en scène la rivalité entre Roland et Ganelon, et la trahison de ce dernier pour faire périr le premier. Le thème de la croisade est illustré dans cette œuvre à travers la confrontation de deux mondes apparemment inconciliables.
[...] Puis, c'est dans toute l'œuvre que la raison de Roland est écartée. Même si, au départ, son propos relève de la raison, dans ses actes, Roland agit selon sa passion. On remarque que Roland et Olivier sont complémentaires et, à eux deux, représentent l'idéal chevaleresque. Aussi, c'est par rapport à Olivier sage- que Roland apparaît comme fou, dans le sens où il est dirigé par sa bravoure et sa démesure. On peut alors dire que le couple Roland/Olivier est le symbole de l'alliance folie/sagesse. [...]
[...] De même, sa volonté cesse d'être absolue dès lors que son ardeur et son hubris prennent le dessus. Egalement, c'est en situation de faiblesse et lorsqu'il ne veut plus rien prouver qu'il est reconnu comme héros vaillant, brave et téméraire. C'est à la fin de l'œuvre que Roland apparaît comme le héros épique faisant preuve de prouesse et de sagesse. Enfin, Roland s'affirme comme être absolu : au début, le héros épique, sage et vaillant, est représenté par le couple Olivier/Roland. [...]
[...] Dès que la situation de l'arrière-garde devient critique, le personnage de Roland se métamorphose. On remarque alors un renversement de la situation. D'abord, la situation s'inverse entre Olivier et Roland, à la laisse 128. Olivier s'oppose à la volonté de Roland de sonner le cor. En effet, le compagnon de Roland considère qu'il est trop tard, et on note une honte sous-jacente de celui-ci face à l'échec. En revanche, Roland souhaite sonner du cor non pas pour être aidé, mais pour être vengé. [...]
[...] On remarque alors une lucidité certaine chez Roland. Cependant, bien que son propos soit celui d'un être doté de raison, son discours est teinté d'une part d'orgueil. Effectivement, la parole orgueilleuse de Roland repose sur la remémoration de ses prouesses : Je vous ai conquis [ j'ai pris [ ] Ensuite, ce qui apparaît raisonné chez Roland est mis en branle par l'intervention de Ganelon. Il est vrai que Ganelon rejette le discours de Roland en dénonçant sa folie : Conseil d'orgueil ne doit pas triompher. [...]
[...] Son orgueil le pousse à affirmer sa valeur, sa vaillance, sa puissance : Charles qui règne sur la France n'y perdra, à mon avis, ni palefroi ni destrier Malgré l'humilité dont il fait preuve parla à la manière d'un chevalier il entre dans une fureur grandiloquente : il se déchaîne contre son beau-père ; Le comte Roland est furieux Cet orgueil, comme on l'a vu, est analogue à son narcissisme : à la laisse 80, Olivier est lucide et comprend la trahison de Ganelon ; cependant, Roland refuse de le croire. Ce n'est que plus tard forcément trop tard- qu'il accorde raison à Olivier. Enfin, derrière l'idée d'orgueil, règne le thème de la dignité. En effet, à plusieurs reprises, Roland cherche à montrer sa puissance et son aptitude à réduire seul les païens. [...]
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