Ce poème est situé dans la section « Spleen et Idéal », juste avant la série des poèmes intitulés « Spleen », consacrés à l'expression de la mélancolie.
Dans ce sonnet introducteur à la série des « Spleen », le poète construit un système de comparaisons dysphoriques, associant son âme à l'image de la cloche fêlée puis à celle du soldat agonisant (...)
[...] Un art poétique Ce poème met en place quelques uns des procédés que l'on retrouvera dans les poèmes intitulés Spleen : forme courte, impersonnalité volontaire Il est un art poétique : il comporte un discours indirect sur la façon dont le poète conçoit la poésie. L'image de la voix affaiblie mais non éteinte maintient la possibilité d'un chant, en provenance des ténèbres intérieures du poète. La poésie doit, selon Baudelaire, prendre en charge la misère intime. Ce chant est disharmonieux car il est porteur d'images horribles, mais Baudelaire ne va pas jusqu'à détruire l'harmonie du poème : celui-ci reste mélodieux, ainsi qu'en témoigne le travail du rythme et des sonorités. [...]
[...] Le pluriel en ses ennuis produit un effet de récurrence. La mort dans la vie La mélancolie est évoquée par l'image de l'hiver, du froid (vers 1à), qui annonce celle de la mort développée dans le second tercet. L'état du mélancolique se caractérise par un grand froid intérieur, ainsi que par une absolue solitude : le poète se dit oublié de tous au vers 12. La souffrance du poète est évoquée par l'image horrible d'un blessé enseveli, sur le champ de bataille au bord d'un lac de sang sous un grand tas de mort Le caractère oxymorique de l'expression sans bouger, dans d'immenses efforts souligne la pétrification à laquelle est soumis le mélancolique, saisi par la mort alors qu'il est encore vivant. [...]
[...] Tandis que le vers 3 annonce l'élévation des souvenirs, le deuxième quatrain bloque leur évocation au profit d'une exclamation douloureuse. Le poète coupe court à l'évocation des paradis lointains. Les tercets affirment alors le triomphe de la mélancolie. II- Les figures de la mélancolie A l'origine de la mélancolie : l'ennui Pour Baudelaire, l'ennui est un mal métaphysique qui trouve son origine dans l'absence de Dieu, dans le sentiment d'une déliaison entre le poète et la transcendance. Il coïncide avec un désintérêt de toute chose et un dégoût de soi-même. [...]
[...] Nous examinerons ensuite quelles sont les figures du spleen. Enfin, nous étudierons la façon dont Baudelaire renouvelle l'expression de la mélancolie au moyen d'un lyrisme impersonnel témoignant de nouveaux choix poétiques, en rupture avec la pratique des grands romantiques. Un sonnet antithétique Une opposition sémantique entre les quatrains et les tercets Le premier quatrain met en place un cadre typiquement romantique en même temps qu'une scène de genre : celle de la veillée au coin du feu, dans un décor nocturne et hivernal. [...]
[...] Dans le second quatrain, la cloche est personnifiée à l'aide de l'image du gosier vigoureux puis de la comparaison avec le vieux soldat ce qui prépare le rapprochement entre l'âme du poète et la cloche fêlée. Dans le premier tercet, la cloche devient le comparant auquel est rapportée l'âme du poète. L'élément qui permet à Baudelaire de rapprocher son âme et l'image de la cloche, c'est le chant (vers 12). Le poème est considéré comme un instrument musical, susceptible, comme la cloche, de produire un chant. [...]
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