La littérature a joué un rôle important dans l'évolution des idées et des sensibilités des sociétés humaines. Beaucoup d'écrivains ont mis leur plume au service de la libération de l'homme dans des luttes concrètes, politiques ou sociales, d'autant plus efficacement que la mise en forme, le travail sur le langage et ses procédés, marques d'un texte « littéraire », ont le pouvoir de mettre en valeur idées et pensées. Cependant, la littérature et plus généralement l'art sont plus souvent associés à l'épanchement des sentiments personnels, aux jeux sur les mots (ou les couleurs, les sons), à l'évasion dans le monde imaginaire qu'à l'expression des « idées » (...)
[...] Le registre d'écriture permet à la forme littéraire d'être d'autant plus profonde et efficace qu'il frappe directement les sens. Sartre, en philosophie, parle, à juste titre, de propriétés ambiguës des vocables : en effet, la littérature donne aux mots une poussière de sens, mais, plus qu'un défaut c'est un atout, car elle ouvre alors des horizons multiples, prolonge l'idée et l'enrichit. Les textes électifs suscitant l'émotion sont les textes tragiques ou pathétiques. Le registre pathétique est parfaitement utilisé par Zola dans la saga des Rougon-Macquart, histoire d'une famille sous le Second Empire. [...]
[...] Cette accessibilité de l'argumentation est d'autant plus patente que la forme littéraire la rend plus proche du destinataire. Bien sûr, mais ce n'est pas uniquement le cas en littérature, le rire séduit. Mais ici, il invite alors à la critique. Pour le théoricien du rire Bergson, le rire suppose une distance, la perception du caractère inhumain, dépourvu de vie, de la situation ou du personnage dont on rit : Le rire n'atteindrai pas son but s'il portait la marque de la sympathie et de la bonté Ceci est parfaitement illustré par la fonction critique de la comédie. [...]
[...] Ces paroles peuvent tout aussi bien être extrapolées à la forme littéraire en général. On pourrait même ajouter : Il faut être deux pour faire une œuvre d'art en général Cet appel pose le problème de l'éveil à la littérature, d'une éducation qui apprenne à tous à lire dont les objectifs ne sont pas uniquement de manier des idées mais aussi d'éveiller la sensibilité et de dévoiler la beauté du monde. [...]
[...] Outre l'organisation de l'argumentation et son utilisation pour émouvoir, séduire ou effrayer le destinataire, l'auteur doit avoir le sens de la formule afin de mieux atteindre son lecteur. C'est le cas de Voltaire dans Candide où la boucherie héroïque désigne la guerre et lui permet d'être mieux entendu qu'avec un style plus épistolaire. En plus de ce souci de perfection, l'écrivain doit avoir recours à des procédés qui rendent les idées abstraites concrètes. Le débat d'idées suppose le maniement d'idées abstraites. La réflexion devient accessible dès lors que la forme littéraire la rend concrète. [...]
[...] En premier lieu, il est indéniable que, pour plusieurs raisons, la forme littéraire rend l'argumentation plus accessible. L'écrivain est quelqu'un qui maîtrise parfaitement la langue, ses procédés et leurs effets : il saura donc choisir le mot juste pour transmettre de la façon la plus exacte qui soit l'opinion qu'il défend ou le message qu'il veut communiquer. Il en est ainsi quel que soit le genre littéraire. Bien sûr, c'est la mission première de l'apologue : instruire et plaire ! [...]
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