Julien Gracq souhaiterait que le critique analyse les raisons du plaisir éprouvé lors d'une lecture. « Vous ne me parlez que de ce qui ne lui est pas exclusif, et ce qu'il a d'exclusif est tout ce qui compte pour moi. Un livre qui m'a séduit est comme une femme qui me fait tomber sous le charme : au diable ses ancêtres, son lieu de naissance, son milieu, ses relations, son éducation, ses amies d'enfance ! (…) Et quand à « l'apport » du livre à la littérature, à l'enrichissement qu'il est censé m'apporter, sachez que j'épouse même sans dot. Quelle bouffonnerie, au fond, et quelle imposture, le métier de critique : un expert en objets aimés !".
Selon Gracq la critique ne doit donc pas aborder une œuvre en apportant des renseignements qui l'éclaireraient soi-disant, mais en se concentrant sur sa lecture. Dans quelle mesure le critique littéraire doit-il se centrer sur la relation particulière entre l'œuvre et le lecteur au moment de l'acte de lecture en se détachant du monde environnant ?
[...] Or, cette analyse est réductrice pour les fables de La Fontaine qui sont porteuses de morales universelles. Ainsi, Le Corbeau et le Renard prévient ses lecteurs qu'il ne faut pas prêter attention au flatteur qui cherche uniquement à assouvir ses intérêts. Le fait de réduire l'analyse de l'œuvre au contexte historique et social peut donc diminuer la portée de l'œuvre. Cette condamnation de la critique historique est reprise durant une querelle, qui prend appui sur les œuvres de Racine, entre deux critiques littéraires : Barthes et Picard. [...]
[...] À son insu, il a été considéré comme le chef de file du réalisme. Par exemple, son conte Un cœur simple a été jugé comme représentatif du courant à travers les thèmes réalistes qu'il aborde comme l'argent, le travail qui renvoie à la condition matérielle des hommes, et par le fait qu'il est situé dans une temporalité avec des lieux précis et réels comme Pont-l'Évêque. Une partie des critiques littéraires cherche donc à classer les auteurs dans des écoles et des courants littéraires sans toujours avoir connaissance des envies de l'auteur. [...]
[...] La critique littéraire, comme l'affirme Julien Gracq, ne doit pas se disperser en analyses inutiles sur ce qui entoure l'œuvre et son auteur. Au contraire, elle doit se focaliser sur l'acte de lecture qui permet de comprendre la particularité et l'apport d'un ouvrage. Cependant, pour être efficiente, la critique littéraire doit parfois aborder le texte avec une certaine connaissance du monde extérieur à l'œuvre. La critique littéraire est donc au cœur des débats. Sa fonction, sa méthode, ses experts ont souvent été critiqués ce qui lui a permis d'évoluer. [...]
[...] La seule lecture n'est pas donc pas toujours suffisante pour comprendre un ouvrage et le critique littéraire doit donc ouvrir son champ de perception pour analyser une œuvre. Ainsi, pour pouvoir réaliser une critique de la pièce Antigone d'Anouilh, il est utile de se référer à celle qui a inspiré l'auteur et qui est Antigone de Sophocle. La pièce de Sophocle retrace l'histoire d'Antigone qui décide de donner une sépulture à son frère Polynice, qui a attaqué la cité pour prendre le pouvoir, malgré l'interdiction de son oncle Créon. [...]
[...] Un livre qui m'a séduit est comme une femme qui me fait tomber sous le charme : au diable ses ancêtres, son lieu de naissance, son milieu, ses relations, son éducation, ses amies d'enfance ! ( ) Et quant à l'apport du livre à la littérature, à l'enrichissement qu'il est censé m'apporter, sachez que j'épouse même sans dot. Quelle bouffonnerie, au fond, et quelle imposture, le métier de critique : un expert en objets aimés ! Selon Gracq la critique ne doit donc pas aborder une œuvre en apportant des renseignements qui l'éclaireraient soi-disant, mais en se concentrant sur sa lecture. [...]
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