S'il n'est guère possible de déterminer avec précision si "Les Liaisons dangereuses" de Pierre Choderlos de Laclos (roman épistolaire paru en 1782) et le film de Stephen Frears sont des bréviaires du libertinage ou, tout au contraire, des condamnations sévères de celui-ci, tant les dernières lettres du roman que les scènes ultimes du film possèdent un caractère moralisant. Mais de quelle manière ce dernier s'affirme-t-il dans les deux œuvres ?
Apparu pour la première fois lors de la Révolution française, mais s'étant surtout développé aux XIXe et XXe siècles, le féminisme consiste en une lutte des femmes pour leur émancipation et pour l'égalité de leurs droits avec les hommes. Combat somme toute récent, il peut donc paraître surprenant au premier abord de le mettre en relation avec un roman publié en 1782. En réalité, cette question est très complexe, "Les Liaisons dangereuses" étant comme écartelées entre la Marquise de Merteuil, pionnière pour le moins ambiguë du combat féministe, et les autres femmes du roman, trop souvent soumises à leurs congénères masculins. Qu'en est-il donc du féminisme dans l'œuvre de Laclos ?
[...] Mais de quelle manière ce dernier s'affirme-t-il dans les deux œuvres ? Le roman de Laclos et le film de Stephen Frears ne sont pas des apologies du mal : en témoigne le sort tragique que connaissent, à la fin de chaque œuvre, les deux personnages qui sont à l'origine de toutes les infortunes rencontrées par les autres protagonistes de l'histoire : la Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont. Pour ce qui est de la Marquise, le châtiment qu'elle reçoit à la fin des deux œuvres varie de manière très nette : si les deux dernières scènes du film de Frears insistent surtout la dégradation de la réputation de Mme de Merteuil (elle est huée par le public lors de l'une de ses apparitions à l'opéra), et donc sur une ruine d'ordre social, le roman de Laclos expose quant à lui les ruines physique et matérielle de la Marquise : défigurée par la petite vérole (qui de plus lui fait perdre l'usage d'un œil), Mme de Merteuil est également dépouillée de tous ses biens à la suite d'un procès, avant de s'exiler en Hollande. [...]
[...] En fait, dans Les Liaisons dangereuses, le sort des femmes semble marqué par une sorte de fatalité, celles-ci devant supporter en silence l'inconstance et la perversité des hommes, ainsi que le rappelle Mme de de Rosemonde dans une lettre qu'elle adresse à Mme de Tourvel : Parmi [les hommes], combien peu savent encore se mettre à l'unisson de notre cœur ! ( ) Pour les hommes seulement [la voix publique] a distingué l'infidélité de l'inconstance. (pp 376-377.) Aux antipodes des femmes contraintes par la société du XVIIIe siècle à se soumettre à leurs époux ou à subir sans se plaindre l'inconstance de leurs amants, la Marquise de Merteuil apparaît en partie comme une figure annonciatrice des principales revendications féministes : ainsi qu'elle le rappelle dans la lettre 81, personne n'a à penser à sa place, pas même d'ailleurs l'Eglise, pourtant toute puissante à l'époque : Je n'avais à moi que ma pensée, et je m'indignais qu'on pût me la ravir (page 223.) Collectionneuse d'amants, la Marquise se sent également libre de disposer de son corps comme cela lui chante. [...]
[...] Qu'en est-il donc du féminisme dans l'œuvre de Laclos ? Les Liaisons dangereuses ne peuvent pas vraiment prétendre au titre de roman féministe avant la lettre : la grande majorité des femmes qui y sont décrites en détail (ou simplement évoquées comme en passant) apparaissent en effet au lecteur comme des victimes des hommes : on ne compte plus le nombre de dames de l'aristocratie et de roturières que le Vicomte de Valmont a séduites puis abandonnées avec perversité Il a choisi les femmes pour victimes, écrit Mme de Volanges à la Présidente de Tourvel. [...]
[...] Partie II : Comment le dernier mot est donné aux victimes. Partie III : Deux cas à part : Cécile Volanges et le Chevalier Danceny. Conclusion. S'il n'est guère possible de déterminer avec précision si Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos (roman épistolaire paru en 1782) et le film de Stephen Frears sont des bréviaires du libertinage ou, tout au contraire, des condamnations sévères de celui-ci, autant les dernières lettres du roman que les scènes ultimes du film possèdent un caractère moralisant. [...]
[...] Apparu pour la première fois lors de la Révolution française, mais s'étant surtout développé aux XIXe et XXe siècles, le féminisme consiste en une lutte des femmes pour leur émancipation et pour l'égalité de leurs droits avec les hommes. Combat somme toute récent, il peut donc paraître surprenant au premier abord de le mettre en relation avec un roman publié en 1782. En réalité cette question est très complexe, Les Liaisons dangereuses étant comme écartelées entre la Marquise de Merteuil, pionnière pour le moins ambiguë du combat féministe, et les autres femmes du roman, trop souvent soumises à leurs congénères masculins. [...]
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