Ces trois lettres importantes symbolisent pour chacune d'entre elles une étape décisive de la relation entre Valmont et Mme de Tourvel.
Lettre 50 : la Présidente de Tourvel au Vicomte de Valmont. Dans la lettre 50, la Présidente oppose une fin de non recevoir très ferme aux précédentes tentatives de Valmont visant à la faire céder et à en faire son amante. En cette fin de première partie des Liaisons dangereuses (puisque la lettre 50 clôt cette dernière), elle remporte avec éclat la première manche de son combat contre le Vicomte.
Lettre 137 : le Vicomte de Valmont à la Présidente de Tourvel. La lettre 137 évoque quant à elle des événements très ultérieurs à ceux mentionnés dans la lettre 50 : Mme de Tourvel vient de céder à Valmont et elle le considère désormais, pour le meilleur et pour le pire, comme son amant. Cette lettre a ceci de remarquable qu'elle inverse le protocole de correspondance que s'était fixé le Vicomte jusqu'ici, à savoir : dire la vérité en toutes choses à Mme de Merteuil d'un côté, et mentir outrageusement à tous ses autres correspondants de l'autre.
Lettre 161 : la Présidente de Tourvel à… (Dictée par elle et écrite par sa Femme de chambre.) Cette lettre est particulièrement noire. Il s'agit ni plus ni moins de l'ultime lettre de Mme de Tourvel, et qui prend la forme à la fois d'un réquisitoire contre soi, de condamnations diverses et d'un testament.
[...] Elle reconnaît enfin son impuissance à pouvoir fixer sentimentalement ce jeune homme : Je me connais bien peu de moyens de plaire : je les aurais tous, que je ne les croirais pas suffisants pour vous fixer. C'est d'ailleurs face aux femmes légères qui entourent d'ordinaire Valmont que Mme de Tourvel se place. Au contraire de celles-ci, qui n'ont aucune constance, aucune vraie respectabilité, Mme de Tourvel s'affirme comme une femme de devoir et un être pieux. Pour elle, en effet, céder à Valmont serait avant tout blesser tous [ses] devoirs (remarquer le pluriel qui accentue l'importance de ces devoirs, dès le moment où ils sont plusieurs). [...]
[...] Mme de Tourvel apparaît aussi dans cette lettre comme une femme qui se retrouve avant tout seule face à elle-même, dans la plus grande des solitudes, et qui s'entretient de ses fautes. C'est en grande partie pour cette raison que lorsqu'elle parle de certaines personnes, elle ne les nomme pas : pour elle il est inutile de les appeler par leurs noms dès le moment où leurs visages lui sont présents à l'esprit dans une sorte de tête- à-tête intérieur multiple. Elle n'éprouve donc pas le besoin de les nommer à des tiers (la femme de chambre à qui elle dicte cette lettre, par exemple). [...]
[...] Cette équivalence entre ces deux discours permet d'affirmer que dans cette lettre Valmont est bel et bien sincère. Cet effort de sincérité qu'il déploie dans la lettre 137 est aussi visible dans la nature même de ce billet : vu sa construction assez particulière, qui rappelle celle d'une démonstration, cette lettre doit être considérée comme un texte argumentatif dans lequel Valmont aligne tous les arguments en sa possession pour convaincre Mme de Tourvel de sa bonne foi. Cette argumentation est d'abord visible dans le récit qu'il fait de sa rencontre devant l'Opéra avec la fille de joie Emilie : il s'agit d'un récit très précis fait au passé simple et à l'imparfait, des temps qui ordinairement servent à décrire une suite logique d'événements bel et bien arrivés dans le passé. [...]
[...] C'est nous qui soulignons. C'est nous qui soulignons. Mme de Volanges. Mme de Rosemonde. [...]
[...] Egalement l'idée de solitude, sûre et certaine qu'elle est que son adultère la transforme en pestiférée dont le Monde se tient à distance : Où sont les amis qui me chérissaient, où sont-ils ? mon infortune les épouvante. Cette certitude de Mme de Tourvel la fait d'autant plus souffrir lorsqu'elle repense à son passé et à la femme qu'elle était avant l'apparition de Valmont : J'étais innocente et tranquille : c'est pour t'avoir vu que j'ai perdu le repos ; c'est en t'écoutant que je suis devenue criminelle. ; Le cruel souvenir des biens que j'ai perdus. [...]
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