La marquise de Merteuil a passé un marché avec son ancien amant : s'il parvient à séduire Mme de Tourvel, naturellement vertueuse, sincèrement dévote et charitable, elle acceptera de se donner à nouveau à lui. Cette lettre XLVII lui révèle l'assaut de libertinage de Valmont et le spectacle de son triomphe avec Émilie, et ce alors qu'il cherche, par tous les moyens, à vaincre la résistance de Mme de Tourvel (...)
[...] Je reçus ensuite les compliments de l'assemblée, qui se retira bientôt après, et me laissa maître du champ de bataille. Cette gaieté, et peut-être ma longue retraite, m'ont fait trouver 30 Émilie si désirable, que je lui ai promis de rester avec elle jusqu'à la résurrection du Hollandais. Cette complaisance de ma part est le prix de celle qu'elle vient d'avoir, de me servir de pupitre pour écrire à ma belle Dévote, à qui j'ai trouvé plaisant d'envoyer une Lettre écrite du lit et presque d'entre les bras d'une fille, interrompue même pour une 35 infidélité complète, et dans laquelle je lui rends un compte exact de ma situation et de ma conduite. [...]
[...] Il se délecte de sa perversion, de son cynisme, du plaisir de la trahison et du mensonge à la Présidente. Ainsi : .il utilise le corps d'Émilie pour écrire sa lettre d'amour (Cette complaisance de ma part est le prix de celle qu'elle vient d'avoir, de me servir de pupitre pour écrire à ma belle Dévote, lignes 32-33), attitude aussi peu respectueuse de la destinatrice que du pupitre .la rédaction en est interrompue par une relation sexuelle que désigne l'euphémisme une infidélité complète (ligne 35) .la confidentialité est trahie lorsqu'il la donne à lire à son amante (Émilie, qui a lu l'Épître, en a ri comme une folle, ligne 36). [...]
[...] Laclos, Les Liaisons dangereuses, Lettre XLVII. ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Pierre-Ambroise-François Choderlos de Laclos (1741-1803) est un écrivain et officier militaire français. Désirant faire un ouvrage qui sortit de la route ordinaire, qui fit du bruit, et qui retentit encore sur la terre quand j'y aurais passé il a largement atteint son but, tant son livre maître, et unique roman, Les Liaisons dangereuses, est devenu un des chefs- d'œuvre de la littérature romanesque du XVIIIe siècle. Recueil de lettres qui mettent en scène les intrigues amoureuses de l'aristocratie, Les Liaisons dangereuses est donc un roman épistolaire. [...]
[...] Les paragraphes donnent au récit un caractère morcelé même si la narration suit la chronologie des faits. Le plaisir de Valmont est alors double : raconter un plaisir savoureux et faire état de ses talents de libertin, évoquant ses prouesses et surtout comment il a leurré son hôte en le privant des plaisirs qu'il a achetés fort cher. On relève ainsi : - l'omniprésence des marques du récit : multiples indices chronologiques (adverbes et compléments de temps), les temps de conjugaison (le passé simple : fus, reconnus, allions , l'imparfait : était, possédait, allait . [...]
[...] dévalorise son hôte et montre le mépris qu'il lui inspire. Sa description est peu élogieuse, au mieux faisant intervenir l'anonymat de son rang administratif ou de son pays natal (Bourgmestre, ligne 19 ; Hollandais, ligne sinon reposant sur des périphrases dépréciatives et ironiques ou des adjectifs dépréciatifs, qui déterminent une gradation croissante de sa laideur (une petite figure grosse et courte, ligne 10 ; le véritable héros de la fête, ligne 12 ; cette figure grotesque, ligne 14 ; Le petit homme ne se possédait pas de joie, ligne 15 ; petit tonneau à bière, ligne 20 La psychologie libertine À travers l'attitude de Valmont, tout dans cette lettre souligne la psychologie libertine : - la volonté de troubler Valmont se joue du bourgmestre, prend sa place et se réserve ses privilèges. [...]
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