Dans sa lettre précédente, la Lettre LXXIX, le vicomte de Valmont a écrit à la marquise de Merteuil pour la mettre en garde contre Prévan. Cette Lettre LXXXI, longue lettre autobiographique, est sa réponse. Elle s'y raconte, insistant sur sa personnalité et son comportement en société (...)
[...] Une revendication d'indépendance La conclusion du premier paragraphe de cet extrait, affirmation fière je suis mon ouvrage et proposition dans laquelle elle est à la fois sujet et complément d'objet, insiste implicitement sur son indépendance, sa liberté et son autonomie. De plus : - la totalité du texte est parcourue par cette notion de travail sur elle-même : je m'étudiais (ligne Je me suis travaillée (ligne Ce travail sur moi-même (ligne suggérant ainsi fortement son caractère autodidacte - de très nombreuses marques de la première personne du singulier (33 occurrences du pronom personnel sujet je et 42 des pronoms compléments) mettent en valeur l'idée d'indépendance et de solitude. [...]
[...] Cette volonté d'autocontrôle est marquée par le champ lexical de la volonté : de prendre à volonté (ligne je tâchai de régler (lignes 13-14), ne plus me laisser pénétrer (lignes 22-23), sûre de mes gestes (ligne je ne montrai plus (ligne je voulais acquérir (ligne 33). Ainsi, la volonté doit devenir implacable. - enfin, elle renforce son courage par l'ascèse, en apprenant à supporter la douleur en gardant le sourire. C'est ce qu'exprime l'antithèse intérieur / extérieur : j'ai porté le zèle jusqu'à me causer des douleurs volontaires, pour chercher pendant ce temps l'expression du plaisir (lignes 15-16). Les exercices qu'elle s'impose confinent au stoïcisme. Sa supériorité dans l'hypocrisie est à ce prix. [...]
[...] Bien que le témoignage de ses qualités soit excessif et laisse éclater son orgueil, dans son désir d'émancipation, Mme de Merteuil se présente comme un stratège dont l'apparence est au service d'un travail méthodique. Un travail méthodique Si l'idée du travail parcourt l'extrait, comme cela a déjà été évoqué la méthode en est suggérée par les champs lexicaux de : - la vision : cacher (ligne mon attention (ligne ce regard (ligne l'air de la sincérité (ligne l'expression du plaisir (ligne physionomie (ligne ce coup d'œil (ligne 23). [...]
[...] Recueil de lettres qui mettent en scène les intrigues amoureuses de l'aristocratie, Les Liaisons dangereuses est donc un roman épistolaire. Données pour vraies dans la préface par le rédacteur, malgré l'ironique démenti de l'éditeur dans un avertissement, cette discordance, pourtant extérieures à la matière romanesque, est le signe avant coureur de l'étonnante polyphonie qui va suivre. Cette œuvre narre le duel pervers et libertin de deux membres de la noblesse française du siècle des Lumières. Ainsi, le vicomte de Valmont, aristocrate débauché, et la marquise de Merteuil, son ex-maîtresse, se jouent de la société pudibonde et privilégiée dans laquelle ils vivent. [...]
[...] Le lecteur comprend alors qu'il est extraordinairement difficile d'être une femme rouée : une femme a bien plus à perdre avec notamment la mort sociale, comme on le verra lors du dénouement, lorsque le masque de Mme de Merteuil tombera et qu'elle se sera livrée au regard du monde avec son vrai visage. L'obligation de demeurer vertueuse ne pèse que sur les femmes. Les hommes sont au contraire grandis par leurs multiples conquêtes. Plus de deux siècles se sont écoulés depuis l'écriture de ce roman et . les mentalités n'ont guère changé ! [...]
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