Au début du roman, deux actions autonomes vont être engagées, qui coïncideront chacune avec un lieu géographique différent. La première répond aux voeux de la marquise de Merteuil, qui exhorte son complice, le vicomte de Valmont, à séduire l'innocente Cécile Volanges au sortir du couvent. La seconde action romanesque tient au projet personnel de Valmont, qui désire prouver sa maîtrise libertine, en séduisant une femme mariée connue pour sa vertu et sa dévotion, la Présidente de Tourvel. C'est cette seconde femme à qui est écrite la lettre XLVIII. Valmont y fait une déclaration d'amour certes passionnée, mais riche en doubles sens (...)
[...] Conclusion Plus qu'à une véritable déclaration d'amour, cette lettre fait plutôt office de démonstration de force d'un libertin. Écrite sur le dos de la prostituée Émilie, elle montre que le brio verbal de Valmont n'a d'égal que son cynisme. C'est une double lecture qui fait sa qualité littéraire. Ce recours au double sens, au sous-entendu, aux actes de langage indirects est ordinaire dans les grands romans libertins. Ces romans respectent en effet apparemment les bienséances et atténuent les indécences qu'ils se plaisent à suggérer. [...]
[...] Cette double extension vers un passé et un futur confère à l'amour de Valmont une aura d'éternité. - les nombreuses hyperboles : une ardeur dévorante (ligne la puissance irrésistible de l'amour (ligne 6). L'amant est ici confronté à une passion qu'il ne contrôle pas. L'exclusivité de cet amour se lit à travers les multiples pronoms de la deuxième personne qui parsèment le texte : on relève ainsi trois occurrences de Madame et vingt-quatre du pronom vous. Cette omniprésence de la femme révèle son rôle fondamental dans la passion vécue par Valmont. [...]
[...] De plus, le lecteur peut constater plusieurs phrases exclamatives (lignes 21 et 22) et interrogatives (lignes 28-29), signes du trouble ressenti par Valmont . la typographie Le blanc typographique dans le texte entre le premier et le second mouvement est le signe d'une détresse de Valmont. En effet, ce silence dit plus que tout discours. - le contenu de la lettre .le récit d'une torture Dès le début de la lettre et en quelques lignes, le lecteur est saisi par la violence des sentiments de Valmont, mise en évidence par un langage hyperbolique : je n'ai pas fermé l'œil (ligne une ardeur dévorante (ligne l'entier anéantissement (ligne . [...]
[...] Il apparaît comme un instrument sans fiabilité, mais vecteur de pouvoir, que certains ont appris à maîtriser pour manipuler les hommes. On retrouve dans cette lettre, à la fois l'influence du roman sentimental (Julie ou la Nouvelle Héloïse, roman épistolaire de Jean-Jacques Rousseau) et également l'inspiration libertine de la fin du XVIIIe siècle. Enfin, le lecteur pourra la rapprocher du roman philosophique et libertin de Diderot, Les Bijoux indiscrets, tous deux exploitant les codes linguistiques en usage afin de les subvertir. [...]
[...] Ce chantage rend parfaitement compte de la détresse feinte de Valmont et de la duplicité de cette lettre. En effet, on lit en arrière-plan les multiples aventures que vit Valmont, parangon des libertins, en plus de celle espérée avec la destinataire. De plus, le rythme ternaire des lignes 10-11, conclu par le terme mort (Croyez-moi, Madame, la froide tranquillité, le sommeil de l'âme, image de la mort, ne mènent point au bonheur), conforte le libertinage et la jouissance que semble éprouver Valmont à travers l'écriture de cette lettre : je suis plus heureux que vous (lignes 13-14). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture