Au début du roman, deux actions autonomes vont être engagées, qui coïncideront chacune avec un lieu géographique différent. La première répond aux voeux de la marquise de Merteuil, qui exhorte son complice, le vicomte de Valmont, à séduire l'innocente Cécile Volanges au sortir du couvent. La seconde action romanesque tient au projet personnel de Valmont, qui désire prouver sa maîtrise libertine, en séduisant une femme mariée connue pour sa vertu et sa dévotion, la Présidente de Tourvel.
Mme de Volanges, la mère de Cécile, est tout à fait lucide sur Valmont et semble vouloir prévenir Mme de Tourvel sur le danger de sa fréquentation. Mais la lettre XXII va permettre à cette dernière de réaliser un véritable plaidoyer en faveur du libertin, adressé à Mme de Volanges et destiné à lever ses doutes (..)
[...] Recueil de lettres qui mettent en scène les intrigues amoureuses de l'aristocratie, Les Liaisons dangereuses est donc un roman épistolaire. Données pour vraies dans la préface par le rédacteur, malgré l'ironique démenti de l'éditeur dans un avertissement, cette discordance, pourtant extérieures à la matière romanesque, est le signe avant coureur de l'étonnante polyphonie qui va suivre. Cette œuvre narre le duel pervers et libertin de deux membres de la noblesse française du siècle des Lumières. Ainsi, le vicomte de Valmont, aristocrate débauché, et la marquise de Merteuil, son ex-maîtresse, se jouent de la société pudibonde et privilégiée dans laquelle ils vivent. [...]
[...] Enfin, un dernier paragraphe (lignes 19 à 39) va accentuer l'injustice de la rumeur par de multiples interrogations qui mettent en valeur Valmont à travers les détails de l'anecdote, pour finalement associer, dans une dernière phrase, son entreprise de valorisation de Valmont à l'amitié qu'elle porte à sa destinatrice : Si, d'une part, elle peut servir à le justifier dans votre esprit, de l'autre, elle me rend de plus en plus précieuse l'amitié tendre qui m'unit à vous pour la vie (lignes 38-39). Un portrait flatteur La lecture de cette lettre suggère un portrait pour le moins flatteur de Valmont. [...]
[...] de Valmont non seulement s'était empressé d'acquitter la dette de ses pauvres gens, mais même leur avait donné une somme d'argent assez considérable (lignes 16-17). Cette action n'est cependant pas ponctuelle puisque Valmont se serait renseigné la veille. Son altruisme et sa vertu sont alors soulignés par un groupe ternaire : c'est le projet formé de faire du bien ; c'est la sollicitude de la bienfaisance ; c'est la plus belle vertu des plus belles âmes. De toute façon, même planifié, son acte reste une action honnête et louable (ligne 24). [...]
[...] J'ajouterai de plus, et toujours par justice, que quand je lui ai parlé de cette action, de laquelle il ne disait mot, il a commencé par s'en défendre, et a eu l'air d'y mettre si peu de valeur lorsqu'il en est convenu, que sa modestie en doublait le mérite. À présent, dites-moi, ma respectable amie, si M. de Valmont est en effet un 30 libertin sans retour ? S'il n'est que cela et se conduit ainsi, que restera-t-il aux gens honnêtes ? Quoi ! les méchants partageraient-ils avec les bons le plaisir sacré de la bienfaisance ? Dieu permettrait-il qu'une famille vertueuse reçût, de la main d'un scélérat, des secours dont elle rendrait grâce à sa divine Providence ? [...]
[...] Curieuse et intriguée, elle s'avère néanmoins crédule, croyant le récit de son domestique sans le moindre esprit critique. Elle enjolive même l'anecdote avec un avis personnel alors qu'elle était absente (Si cela est ainsi, ce n'est même plus une compassion passagère, et que l'occasion détermine : c'est le projet formé de faire du bien, lignes 21 à 23). Enfin, séduite, elle se révèle être une femme sensible, sensibilité que semblent exalter autant la dévotion que l'amour : et dont le seul récit m'a attendrie jusqu'aux larmes (lignes 24-25). [...]
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