Mme de Rosemonde avait mis en garde Mme de Tourvel en la prévenant dans la lettre CXXVI du fait que Valmont avait déjà perdu de nombreuses femmes. La lettre est arrivée trop tard et n'a pu sauvegarder Mme de Tourvel.
Dans cette lettre, Mme de Rosemonde, femme âgée et expérimentée, va décrire la condition des femmes et souligner l'inégalité entre l'homme et la femme au XVIIIe siècle, avant de présenter à Mme de Tourvel son image de l'amour, s'inscrivant alors au coeur d'un débat philosophique (...)
[...] La lucidité désespérée de Mme de Rosemonde l'empêche de porter sur les hommes et les femmes un jugement moral. Elle comprend plutôt qu'elle ne blâme, se plaçant au-delà des apparences et des illusions. Devenue presque impotente, elle regarde toute chose avec détachement et s'en remet à la providence plutôt que d'intervenir. Elle considère que ce n'est pas à nous, pauvres créatures humaines, de nous juger les uns les autres : Eh ! qui sommes-nous, pour nous blâmer les uns les autres ? [...]
[...] Elle condamne unanimement tous les hommes, comme incapables d'aimer : dont l'amour ne manque jamais d'abuser notre imagination (lignes 37-38), et fait des femmes des êtres faibles et sentimentaux : n'oubliez pas qu'en rendant un autre possesseur de votre existence pour me servir de votre expression, vous n'avez pas pu cependant frustrer vos amis de ce qu'ils en possédaient à l'avance, et qu'ils ne cesseront jamais de réclamer (lignes 49 à 51). Un thème philosophique Donnant sa conception de l'amour, Mme de Rosemonde s'inscrit clairement au cœur d'un débat philosophique d'importance sur la vision désespérée du couple. Le jansénisme du XVIIème siècle, tel que l'expriment Pascal et Racine, présente la même vision de la passion amoureuse, assimilée à une maladie, à une fatalité toujours dangereuse pour ceux qui l'éprouvent. [...]
[...] Recueil de lettres qui mettent en scène les intrigues amoureuses de l'aristocratie, Les Liaisons dangereuses est donc un roman épistolaire. Données pour vraies dans la préface par le rédacteur, malgré l'ironique démenti de l'éditeur dans un avertissement, cette discordance, pourtant extérieures à la matière romanesque, est le signe avant coureur de l'étonnante polyphonie qui va suivre. Cette œuvre narre le duel pervers et libertin de deux membres de la noblesse française du siècle des Lumières. Ainsi, le vicomte de Valmont, aristocrate débauché, et la marquise de Merteuil, son ex-maîtresse, se jouent de la société pudibonde et privilégiée dans laquelle ils vivent. [...]
[...] À ces interrogations, feignant le dialogue, Mme de Rosemonde répond elle-même : Non, je connais trop bien votre cœur (lignes 4-5). Le deuxième paragraphe se donne à lire avec le même ton emporté et sentimental. L'interjection Hé ! (ligne s'ajoute alors aux exclamations (Ô ma jeune amie ligne 7 ; quelle femme vraiment délicate et sensible n'a pas trouvé l'infortune dans ce même sentiment qui lui promettait tant de bonheur lignes 8 à 10) pour retranscrire la puissance des sentiments. [...]
[...] J'ai cru, ma chère Belle, qu'il pourrait vous être utile d'avoir ces réflexions à opposer aux idées chimériques d'un bonheur parfait dont l'amour ne manque jamais d'abuser notre imagination : espoir trompeur, auquel on tient encore, même alors qu'on se voit forcé de l'abandonner, et dont la perte irrite et multiplie les chagrins déjà trop 40 réels, inséparables d'une passion vive ! Cet emploi d'adoucir vos peines ou d'en diminuer le nombre est le seul que je veuille, que je puisse remplir en ce moment. Dans les maux sans remèdes, les conseils ne peuvent plus porter que sur le régime. Ce que je vous demande seulement, c'est de vous souvenir que plaindre un malade, ce n'est pas le blâmer. Eh ! qui sommes-nous, pour nous blâmer les uns les autres ? [...]
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