La Lettre CCXXV est une véritable déclaration de victoire, permettant à Valmont de narrer dans les moindres détails la manière dont il a réussi à vaincre Mme de Tourvel. Adressée à sa complice, la marquise de Merteuil, il y révèle sa stratégie amoureuse, véritable métaphore filée de la conquête guerrière.
Chef-d'oeuvre d'un libertin cynique, cette lettre révèle l'immense joie de Valmont qui confie, sans s'en rendre compte, ses réels sentiments pour la Présidente, trahissant ainsi son amour (...)
[...] Les conséquences de cette incertitude sont remarquablement rendues par : - l'emploi du conditionnel (m'aurait, ligne 12 ; j'aurais, lignes 13 et 15 ; serait, ligne 14) - les adverbes d'opposition (et cependant, ligne 14 ; Non, ligne 17). Ainsi, le libertin, adepte d'une anti-morale qui lui enjoint de ne pas éprouver de sentiment, ne comprend pas sa faiblesse et ne peut avouer son amour. La singularité de Mme de Tourvel, qui mettait en valeur la victoire de Valmont, se confirme. Cette unicité se retourne contre le séducteur. [...]
[...] Ainsi, le vicomte de Valmont, aristocrate débauché, et la marquise de Merteuil, son ex-maîtresse, se jouent de la société pudibonde et privilégiée dans laquelle ils vivent. Se livrant au libertinage, ils ne cessent, tout au long du livre, de se narrer leurs exploits au travers de lettres qu'ils s'envoient et qui constituent le corps de l'intrigue. Au début du roman, deux actions autonomes vont être engagées, qui coïncideront chacune avec un lieu géographique différent. La première répond aux vœux de la marquise de Merteuil, qui exhorte son complice, le vicomte de Valmont, à séduire l'innocente Cécile Volanges au sortir du couvent. [...]
[...] Turenne ou Frédéric : Turenne a été maréchal de France (1610-1675), ayant notamment conquis l'Alsace. Frédéric est sans doute Frédéric II le Grand (1712-1786), roi de Prusse, qui a mené la puissance prussienne à son apogée et joué un grand rôle durant la guerre de Succession d'Autriche. Annibal dans les délices de Capoue : Annibal, ou Hannibal, est un général et homme d'État carthaginois (247-183 av. J.-C.). Il déclenche la deuxième guerre punique. Malgré de brillantes victoires, il n'ose attaquer Rome, et prend ses quartiers d'hiver à Capoue. [...]
[...] Nous remplîmes cet intervalle par les compliments d'usage. Mais pour ne rien perdre d'un temps dont 65 tous les moments étaient précieux, j'examinais soigneusement le local ; et dès lors, je marquai de l'œil le théâtre de ma victoire. J'aurais pu en choisir un plus commode : car, dans cette même chambre, il se trouvait une ottomane Mais je remarquai qu'en face d'elle était un portrait du mari ; et j'eus peur, je l'avoue, qu'avec une femme si singulière, un seul regard que le hasard dirigerait de ce côté ne détruisît en un moment 70 l'ouvrage de tant de soins. [...]
[...] Mais je trouvai une résistance vraiment effrayante, moins encore par son excès que par la forme sous laquelle elle se montrait. Figurez-vous une femme assise, d'une raideur immobile, et d'une figure 190 invariable ; n'ayant l'air ni de penser, ni d'écouter, ni d'entendre ; dont les yeux fixes laissaient échapper des larmes assez continues, mais qui coulent sans effort. Telle était Madame de Tourvel, pendant mes discours ; mais si j'essayais de ramener son attention vers moi par une caresse, par le geste même le plus innocent, à cette apparente apathie succédaient aussitôt la terreur, la suffocation, les convulsions, les sanglots, et quelques 195 cris par intervalles, mais sans un mot articulé. [...]
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