Choderlos de Laclos publie en 1782 un roman épistolaire, "Les Liaisons dangereuses". L'auteur y met en scène deux libertins notoires, le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil. Valmont a décidé de se lancer dans une entreprise périlleuse: celle de conquérir la présidente de Tourvel, une femme réputée pour sa vertu et sa pruderie. Dans la lettre XXI, Valmont relate à la marquise de Merteuil l'un de ses stratagèmes: pour séduire la marquise de Tourvel, il a fait la charité à une famille prête à être saisie, car dans l'impossibilité de payer la taille.
[...] Ce sur quoi veut insister Valmont, c'est sur ce tableau final, destiné à frapper l'esprit des spectateurs et à le moraliser. Valmont est en quête effet Tout droit tirée d'un drame larmoyant à la Diderot ou d'une gravure à la Greuze, la scène de dénouement» veut nous tirer des larmes. Ainsi, les effets pathétiques s'enchaînent en cascade, Un champ lexical de la souffrance, placé sous le signe de l'hyperbole, apparaît quelles larmes, désespoir, vieux chef de famille, empreinte farouche du désespoir, mouillés de larmes, pathétique afin de mieux contraster avec l'immense joie et reconnaissance» qui lui succède. [...]
[...] [Conclusion] Valmont est au cœur de la lettre XXI des Liaisons dangereuses : il en est d'abord le scripteur talentueux, qui: en maître 'du récit, produit une narration haletante, apte à séduire son destinataire. Il est aussi au cœur de la lettre en ce qu'elle le dévoile: Valmont se dessine comme un libertin notoire, froid, calculateur et orgueilleux, avide de conquêtes et de victoires. Mais cette lettre XXI, pourtant encore assez proche de l'ouverture du roman, trahit déjà le libertin : son cœur est déjà touché par une grâce, qui le mènera à sa perte. [...]
[...] Le libertin veut maîtriser ses passions. L'abondance de connecteurs temporels Cependant, Après, dans le même instant, et ainsi que la subordination Quoi qu'il en soit dit cette volonté de maîtrise chez Valmont. Le lexique de l'argent supplante alors celui des sentiments: paie, cinquante-six livres, payer, dix louis, calculé, vaut bien, mettre tout à profit De plus, lorsqu'il évoque madame de Tourvel, Valmont l'estime comme un bien, non comme un être. Il use ainsi du verbe valoir vaut bien sans doute que je me donne tant de soins et du participe calculé quand il évoque sa proie. [...]
[...] C'est sans aucune foi ni conviction qu'il demande aux bonnes gens du village de prier Dieu pour le succès de [s]es projets ; il se rit, en libertin assoiffé de plaisir de la simplicité des gens vertueux» qu'il nomme à travers les qualificatifs dépréciatifs «pauvres gens ou braves» gens. Dans le cœur de Valmont, c'est donc plus l'amour de soi que l'amour de Dieu qui domine. [C. Les failles du libertin] Cependant, le masque de Valmont se fend dès cette lettre XXI. En effet, s'il donne à la marquise de Merteuil, sa rivale en libertinage, une leçon de machiavélisme, il ne parvient pas totalement à maîtriser les pulsions de son cœur. [...]
[...] Le libertin se mue en héros vertueux, défenseur des opprimés et des faibles. Les hyperboles caricaturales noblement, chœur des bénédictions, image de Dieu, à pas précipités, le grand, le .véritable effet soulignent que Valmont n'est pas dupe de sa propre sainteté: il sait qu'il n'est pas le héros d'un drame mais qu'il se contente de lui : ressembl[er] pas mal (1. 65). [Conclusion partielle et transition] Théâtralisation, dramatisation, transfiguration . autant d'effets narratifs que Valmont déploie dans sa missive à madame de Merteuil pour l'intéresser peut-être plus encore l'impressionner. [...]
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