Analyse (niveau Master de Lettres) du roman de Carlo Lévi Le Christ s'est arrêté à Eboli. Celle-ci aborde la notion de mélancolie avec différentes références culturelles, notamment philosophiques (Nietzsche).
[...] La rationalité par exemple est plutôt la caractéristique des grandes villes. C'est un pays où les animaux se confondent avec les hommes où les hommes également semblent se confondre avec la terre. La double nature est parfois terrifiante et horrible, c'est le cas du lycanthrope, mais elle exerce une obscure attirance et fait naître le respect comme une chose qui participe de la divinité. Aucun mur ne sépare le monde des hommes de celui des bêtes et des esprits, ni les frondaisons visibles des arbres des sombres racines souterraines [ ] Ils vivent immergés dans un monde sans déterminations, où l'homme ne se distingue pas de son soleil, de sa bête, de sa malaria Ce pays est hermétique par conséquent à toute conscience politique parce qu'ils sont païens plutôt que citoyens. [...]
[...] La Nature a une certaine importance dans ce lieu, une importance souveraine, ainsi l'instinct sexuel apparaît comme une force que nul ne peut réprouver, elle s'impose irrémédiablement, de telle sorte qu'il est difficile et non de coutume de réprimander les personnes qui y ont succombé comme les filles mères par exemple. Les femmes cachées sous leurs voiles sont présentées comme des animaux sauvages. [...]
[...] Le narrateur lui-même ne semble pas épargné par ce climat de résignation, d'affaiblissement, de perte de confiance et il se rend bien compte de ceci lors de la visite de sa sœur médecin qui semble comme venir d'un autre monde, celui de la ville, ces gestes sont sûres, elle est déterminée, optimiste aussi, il la qualifie notamment de solaire évoquant l'astrologie. Il s'aperçoit avec tristesse combien cet univers est loin de lui depuis qu'il réside dans ce pays de mélancolie. [...]
[...] Ce sentiment de ne pouvoir aller contre le sort divin peut confirmer cette idée que les paysans se placent sous le signe de Caïn. Ils peuvent être associés également au faible nietzschéen dans ce ressentiment cette incapacité d'agir et ce complexe d'infériorité (p. qui les taraude. Cette mélancolie semble ne pas affecter seulement les habitants de souches, mais n'importe qui y réside, ainsi de Don Trajella que Lévi s'imagine avoir été un homme bon, plein d'esprit et de ressources et qui n'a plus que la rancœur (p. [...]
[...] L'Etat, quel qu'il soit, c'est ceux de Rome (p. 85-86). Un personnage par exemple, Faccialorda, est fier d'avoir remporté son combat contre l'Etat américain en remportant une indemnité pour une surdité plus ou moins simulée. L'Amérique constituant justement une sorte d'Eldorado pour les cafoni, chacun cherchant à s'évader de ce village où rien ne semble possible. De même l'injustice que leur paraît être l'interdiction pour le narrateur d'exercer réveille en eux une révolte contre l'Etat qui les sort de leur longue apathie et que rien ne semble pouvoir calmer. [...]
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