Lettres d'une Péruvienne, Françoise de Graffigny, enlèvement de Zilia, roman, livre, 1747, Montesquieu, Lettres persanes, comte de Déterville, commentaire, candide, environnement antithétique, écriture, voyage
Les Lettres d'une Péruvienne est un roman épistolaire écrit par Françoise de Graffigny et paru en 1747. Cette œuvre, reprenant la veine exotique et le style épistolaire précédemment employé en 1721 par Montesquieu avec ses Lettres persanes, a connu un vif succès au milieu du 18ème siècle. Madame de Graffigny s'efforce de dénoncer dans son œuvre, qui s'inscrit dans la perspective des Lumières, les travers de la société en donnant la parole à Zilia. Cette dernière est une jeune Péruvienne, enlevée par les Espagnols puis par un Français, le comte de Déterville qui tombe sous son charme et l'emmène avec lui en France.
[...] Zilia nous parle alors d'un endroit incommode dans lequel elle fut placée En plus du retour récurent de la formule passive qui définit la jeune femme, l'endroit étroit et incommode peut se référer à son esprit torturé de questions et d'incompréhension, et duquel elle ne peut s'épancher par l'écriture. Cette nouvelle habitation s'oppose de nouveau avec son habitation d'origine qui, rappelons-le, était un temple. Zilia est consciente que cette première demeure, aussi luxueuse fût-elle, s'apparentait à une prison. Ceci a pour effet de renforcer l'image de la femme-objet qui n'est pas disposée à maîtriser son destin, mais aussi que cette solitude observée ne fait que se perpétuer dans le temps. Le texte se poursuit par deux phrases exclamatives montrant l'incompréhension totale de Zilia face à cette situation. [...]
[...] Dans cette formule le seul indice géographique qu'elle nous laisse transparaître est le pronom où ce qui confirme le fait qu'elle ne sait rien, elle ne fait que deviner, présupposer comme le prouve le terme apparemment Nous pouvons constater que la jeune femme continue de s'identifier à ses ravisseurs et donc continue sa perte d'identité progressive. Elle les nomme ses ravisseurs puis barbares et on elle-même ne sait pas si elle doit se compter parmi eux. Nous pouvons avoir des doutes sur ses ambitions, car avec l'utilisation du on elle réduit les siennes à être semblables à celles des Espagnols. Ce pronom personnel indéfini peut aussi indiquer qu'elle n'est plus maîtresse de sa vie, qu'elle n'est pas impliquée dans ce qui lui arrive. [...]
[...] La scène dépeinte semble tragique, et ceci est accentué par la dernière phrase de l'extrait : ce n'était que le commencement de mes peines. Nous relevons d'abord la mise en suspense des événements à venir par un captatio benevolontiae. Zilia annonce ici, par cette prolepse, que la suite de son histoire ne s'annonce guère réjouissante, et que ce qu'elle vient de raconter n'est pas aussi terrible que la suite des événements. Le nom peines sert à dramatiser encore davantage la scène du rapt, et ce qui en découle. [...]
[...] Cette perte, est aussi exprimée par un réseau lexical de la violence : ravisseurs enlever violence m'arracher Nous avons réellement l'idée d'un rapt. Cet acte est alors marqué par des formules passives telles qu'« on me fit porter je fus placée montrant l'impuissance de la femme. Le pronom personnel indéfini on peut exprimer une perte métaphysique de Zilia puisque, en perte d'identité elle s'associe à ses ravisseurs. Lorsqu'elle dit on marchait de nuit on a une idée de cause à conséquence. [...]
[...] Nous nous demanderons en quoi cette lettre fait le portrait d'un être candide, perdue physiquement et métaphysiquement, dans un environnement antithétique à son environnement d'origine. Pour ce faire, nous pouvons diviser l'extrait étudié dans la lettre III en trois parties : 1re partie : Retour à la vie par l'écriture C'est toi, chère lumière. à encore moins intelligibles ? 2e partie : Un voyage vers un néant géographique, physique et intellectuel A peine, mon cher Aza à ma première prison. 3e partie : L'arrivée effrayante en terres étrangères Mais, mon cher Aza à le commencement de mes peines. [...]
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