Montesquieu pique la curiosité du lecteur et, pour éviter la censure, nous invite à une double lecture du texte. Le Chah Soliman est Louis XIV et ses « quelques ministres » sont Louvois et d'autres ministres très catholiques de Louis XIV. L' « aveugle dévotion » rappelle l'influence de Louis XIV par le Père Lachaise. Les Arméniens définissent les protestants et « se faire Mahométans » signifie se convertir au catholicisme. Toute la lettre est basée sur l'exil des protestants de France causé par la révocation de l'édit de Nantes. Lorsqu'Usbek écrit « notre empire toujours pollué », le lecteur doit se rendre compte que Montesquieu parle du clergé qui est souillé et blâme l'hérésie. La nomination du Chah Abas désigne Henri IV. Cela renvoie à la politique d'unité nationale et au développement économique qui s'opposent aux erreurs de Louis XIV. C'est une démonstration qui procède par allusions. La transposition de la Perse à la France est facile à faire (...)
[...] Cette persécution aurait plus affecté l'Empire que des défaites militaires. En Perse, ce projet n'aboutit pas, mais il a lieu en France. La condamnation de la religion a lieu uniquement au nom du profit. Montesquieu donne la proéminence du pouvoir de la puissance économique sur la puissance militaire. Il ne cherche pas à attendrir le lecteur sur le sort des protestants, il ne cherche pas à le persuader, mais plutôt à lui démontrer de façon rationnelle que ce projet est une mauvaise idée. [...]
[...] Exemple 3 : La persécution effective des Guèbres de religion Zoroastre a eu lieu au VIIème siècle lors de l'invasion arabe. L'intolérance a réussi à faire fuir des cultivateurs de mérite, capables d'enlever la stérilité Montesquieu condamne les persécutions historiques effectuées au nom de l'utilité économique. Si la ruine envahit l'Empire, la religion dominante disparaît. Montesquieu démontre, avec des arguments économiques et politiques cette thèse. II Apologie de la tolérance Avantages économiques : Il suggère que les religions qui coexisteraient dans un même Etat ne seraient pas sur le même pied d'égalité. [...]
[...] Il y aurait une religion dominante qui offrirait une magistrature stable. Quant aux religions minoritaires, simplement tolérées, elles pousseraient leurs adeptes à prendre les risques d'une ascension économique. C'est un raisonnement qui éclaire, à postériori, les exemples suivants. Avantages moraux : Toutes les religions ont une attitude soumise au pouvoir. Dès lors, la pluralité des religions entraine l'émulation d'ordre envers le roi. Il y aurait une obéissance dans l'intention de bien servir le roi. Les individus ne veulent pas qu'on critique leur religion, et pour cela, ils observent un comportement irréprochable. [...]
[...] Montesquieu, Lettres persanes, Lettre 85 Sujet de la lettre : Usbek à Mirza, à Ispahan. Condamnation des intolérances et persécutions religieuses par des exemples historiques empruntés à l'histoire des Perses. Montesquieu procède par allusions : il invite son lecteur à transposer les différents exemples. Montesquieu pique la curiosité du lecteur et, pour éviter la censure, nous invite à une double lecture du texte. Le Chah Soliman est Louis XIV et ses quelques ministres sont Louvois et d'autres ministres très catholiques de Louis XIV. [...]
[...] Conclusion : Cette lettre habile utilise des exemples historiques convaincants pour faire ressortir l'absurdité et les inconvénients des intolérances pour l'Etat. Il y a un souci constant de mettre en évidence le phénomène religieux dans un contexte social et humain. Cette lettre est étrangère à l'esprit religieux : la foi n'a pas un caractère absolu. Montesquieu est persuadé que les persécutions contribuent à renforcer la croyance qu'elles prétendent anéantir. Il est généreux et hardi d'écrire cette lettre en un temps où il est dangereux de vouloir susciter chez le lecteur une réflexion personnelle sur la religion et la monarchie. [...]
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