Lettres persanes, Montesquieu, roman épistolaire, société française, pouvoir politique, moeurs sociales, instabilité politique, moeurs persanes, critique de la mode, société, satire, moeurs vestimentaires
Les Lettres persanes sont un roman épistolaire (= roman composé d'une succession de lettres) publié par l'écrivain et philosophe français Charles de Montesquieu, en 1721 à Amsterdam. Le texte rassemble la correspondance fictionnelle d'Usbek et Rica, deux amis persans (originaires de Perse, l'actuel Iran) en voyage en Europe. Partis d'Ispahan, ils se retrouvent en France entre 1712 et 1720 et relatent à leurs compatriotes leurs observations et leurs impressions sur la société française du tournant du XVIIIe siècle, dans les dernières années du règne de Louis XIV (1638-1715). À travers le regard de ces étrangers, Montesquieu émet une critique virulente des institutions et des moeurs de ses contemporains, raison pour laquelle il a pris la précaution, afin d'éviter la censure, de publier son roman de manière anonyme.
[...] En plus d'un souci de vraisemblance, ce choix de la part de Montesquieu témoigne d'une fascination pour un Orient exotisé au XVIIIe siècle (qui a donné naissance au mouvement littéraire et artistique orientaliste), et rappelle au lecteur français que les personnages du roman sont des étrangers (des Persans, comme l'indique aussi le titre du roman). Le point de vue d'un étranger Rien que dans ses éléments formels, la lettre annonce donc un exotisme réciproque : la Perse apparaît exotique au lecteur français, tout comme la France apparaît exotique à Rica. [...]
[...] Rica met à la fois en évidence la force injonctive de ce modèle, de ce « moule » (l.25) qui « imprime » (l.24) les esprits, et critique de ce fait la passivité et le conformisme de la population. D'autre part, Montesquieu livre une réflexion purement politique. Il met en garde contre un pouvoir laissé entre les mains d'une seule et même personne, appelée tantôt « Prince » (l.24), tantôt « monarque » (l.23), tantôt « souverain » (l.25) : ce type de pouvoir est dangereux, car il aboutit à une trop grande instabilité politique. [...]
[...] En choisissant de mettre en évidence ce terme, Montesquieu donne à entendre autre chose qu'une simple surprise de la part du personnage. La suite du texte n'aura de cesse d'aller dans ce sens. Par exemple, à la ligne la structure impersonnelle interrogative indirecte « on ne saurait croire combien . » donne l'impression que l'argent dépensé par les maris pour acheter des vêtements à leurs épouses est disproportionné, qu'il dépasse toute représentation possible, ce qui fait ressortir la consternation de Rica. [...]
[...] Dans cette changeante nation, quoi qu'en disent les mauvais plaisants, les filles se trouvent autrement faites que leurs mères. Il en est des manières et de la façon de vivre comme des modes : les Français changent de mœurs selon l'âge de leur roi. Le monarque pourrait même parvenir à rendre la nation grave, s'il l'avait entrepris. Le Prince imprime le caractère de son esprit à la Cour ; la Cour, à la Ville ; la Ville, aux provinces. L'âme du souverain est un moule qui donne la forme à toutes les autres. [...]
[...] Ce sont elles que met en avant Rica dans le quatrième paragraphe de sa lettre : « Dans cette changeante nation, quoi qu'en disent les mauvais plaisants, les filles se trouvent autrement faites que leurs mères. » (l.20-21) En effet, dans la division genrée des rôles sociaux, ce sont elles qui semblent à la fois être le plus soumises, mais aussi jouir le plus de cet assentiment général à la tyrannie de la mode ; les hommes, eux, sont présentés comme de pures victimes : « on ne saurait croire combien il en coûte à un mari pour mettre sa femme à la mode » (l.4). [...]
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