Les Lettres Persanes, Montesquieu, femme, jeux de hasard, Religion, lumières, exotisme, satire, passion
Avec Les Lettres persanes (1721), Montesquieu, précurseur des Lumières, écrit un roman épistolaire et satirique qui critique les moeurs de son temps, la fin du règne de Louis XIV et au début de la Régence.
Pour ce faire, il fait voir la société française par les yeux de deux persans, Rica et Usbek : cette lettre appartient aux « chroniques parisiennes ».
Les lettres 1-23 sont relatives au voyage d'Ispahan à Paris (1711-1712).
Les lettres 24-146 traitent de nombreux sujets (politiques, religieux, philosophiques). La satire porte sur différentes institutions : le théâtre (28), les cafés (36), le mariage (55).
La Lettre 56 a un double objet, les femmes et, surtout, le jeu (très en vogue à cette époque) qui, sans surprise, font l'objet de développements satiriques.
[...] Usbek est un grand seigneur et il est le masque que prend Montesquieu pour parler de son pays, le second est le masque qu'il donne à son lecteur. La date qui figure en fin de lettre « le 10 de la lune de Zilhage, 1714 ». S'il conserve le système occidental pour les années, Montesquieu reprend à son compte les mois lunaires de la Perse en puisant probablement dans le Voyage en Perse de Jean Chardin1. « Zilhagé » correspond à février. B - LA RELIGION MUSULMANE ET SES INTERDITS En bon Persan, Usbek se réfère à son « saint prophète », c'est-à-dire « Muhammad2 », qu'il considère comme source de vérité, mêle quand il s'agit de justifier des pratiques absurdes. [...]
[...] Cantonnées dans le sérail, les femmes doivent donc être soumises aux caprices de leur maître4. Enfin, toujours au nom de la lutte contre la passion, le jeu est l'objet, lui aussi, de la prohibition : « [?] il [le prophète] nous par un précepte exprès, défendu les jeux de hasard ». L'EUROPE INCORRIGIBLE Cette certitude de l'excellence persane garantie par la religion permet à Usbek de formuler un jugement négatif sur les Européens : « on est convenu d'être incorrigible ». Le reproche essentiel fait au jeu, interdit donc en Perse, c'est que prendre la qualité de joueur, c'est obtenir un « titre », qui fait fonction de sésame social : « il met tout homme qui le porte au rang des honnêtes gens, sans examen ». [...]
[...] JEU ET PASSION Pour illustrer les méfaits du jeu chez les femmes, Usbek/Montesquieu décompose les sentiments qui sont mis en branle par cette passion : « je les ai vues dans leurs espérances, dans leurs craintes, dans leurs joies, surtout dans leurs fureurs : tu aurais cru qu'elles n'auraient jamais le temps de s'apaiser, et que la vie allait les quitter avant leur désespoir ». Elles offrent un spectacle : le verbe « voir » est en anaphore, étant déjà utilisé au début du paragraphe. L'énumération présente ce spectacle à la fois comme comique et comme affligeant. Elles passent par toutes les phases (« espérances » / craintes » / « joies » / « désespoir »). [...]
[...] » Les personnes chargées d'organiser le jeu, d'encaisser les mises, sont désignés par des substantifs qui renvoient au monde de la finance (« créanciers ») ou du notariat, avec l'évocation de l'héritage (« légataires »). CONCLUSION Dans cette lettre 56, le regard étranger permet de critiquer les femmes à travers le jeu. Ce dernier, comme chez La Bruyère, est d'abord condamné parce qu'il gomme la hiérarchie sociale. Il l'est ensuite parce qu'il empêche d'être maître de soi, comme le vin. Les femmes en sont de plus en plus dépendantes à mesure qu'elles vieillissent : en « psychologue », Montesquieu dévoile le mécanisme de compensation qui est à l'?uvre. Le jeu remplace l'amour. [...]
[...] Lettres persanes, Lettre LVI - Montesquieu (1721) - Les femmes et le jeu INTRODUCTION Avec Les Lettres persanes (1721) Montesquieu, précurseur des Lumières, écrit un roman épistolaire et satirique qui critique les m?urs de son temps, la fin du règne de Louis XIV et au début de la Régence. Pour ce faire il fait voir la société française par les yeux de deux persans, Rica et Usbek : cette lettre appartient aux « chroniques parisiennes ». Les lettres 1-23 sont relatives au voyage d'Ispahan à Paris (1711-1712). [...]
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