Lettres persanes, Montesquieu, L'aveu d'infidélité de Roxane, Arria, Sénèque, Pauline, Roxane, Usbek, Racine, Bajazet, théâtre, Phèdre, religieux, Solim, commentaire de texte
L'aspect de "roman de sérail" a été assez souvent considéré comme un élément à caractère ornemental des Lettres persanes, pourtant la critique moderne de cette oeuvre singulière de Montesquieu s'est attachée à intégrer ces lettres et passages au questionnement moral que présente l'oeuvre en général. Il ne faut surtout pas les considérer comme un simple décor fantaisiste, mais plutôt comme une source abondante de sens et de réflexion.
[...] Cette virulente libération conduit à mettre en question le statut d'épouse, et la condition féminine en général, non pas seulement en Perse (même quasiment pas), mais par effet de décentrement dans la société occidentale. On assiste à la révolte d'une femme contre une société criminelle d'hommes qui ont : « répandu le plus beau sang » II. Le renversement satirique A. La raillerie de Roxane : Uzbek est ridicule, les valeurs sont profanées Questions rhétoriques : « Comment as-tu pensé que je fusse assez crédule ? [...]
[...] La lettre 161 est la dernière lettre du recueil. Adressée à Uzbek (en France) par Roxane (du sérail d'Ispahan en Perse) ; elle est motivée par la découverte et le meurtre de son amant par les eunuques, ce dont Uzbek a été informé auparavant par Solim. D'abord, Roxane émet l'aveu de son infidélité, non sans certaines marques de provocation, et annonce son suicide imminent (l.1 à 6) ; les lignes qui suivent invectivent généreusement Usbek en revenant sur la nature superficielle et controuvée de la relation qui unissait (ou plutôt séparait) les deux époux (l.7 à 18). [...]
[...] Fin d'un roman et langage nouveau « Oui, je t'ai trompé, j'ai séduit tes Eunuques, je me suis jouée de ta jalousie » (l.1) : On peut être surpris de ce registre, au regard de l'attitude habituelle des femmes d'Uzbek, des Lettres persanes en général et surtout de l'œuvre de Montesquieu : ce n'est pas vraiment son fonds de commerce habituel. Le lecteur pourrait bien se sentir destinataire du « ce langage te paraît nouveau » (l.19) et il est probable que Montesquieu ait subtilement glissé ces mots ici pour leur ambivalence. C. Violence vengeresse Il s'agit pour Roxane de mourir insoumise. [...]
[...] Certes, à l'image, mais celle du recueil entier des LP, le locuteur oriental permet une subversion du propos et un décentrement du regard, mais ici le sentiment de désordre est croissant et par là même le degré de la subversion : elle prend une forme plus violente de diatribe d'une femme contre son mari [mari qui pourtant est souvent au cours du recueil le porteur d'une moquerie des aberrations occidentales]. Ainsi la question se pose de la fidélité, non plus de l'héroïne, mais de Montesquieu, dans ce passage par rapport à l'œuvre et de cette œuvre par rapport à son œuvre. [...]
[...] Écriture de la subversion et du contraste La libération de Roxane se fait dans un bousculement des institutions et les rapports de force. Le texte construit de nombreuses antithèses et des contrastes, au passage Roxane fait preuve d'une grande maîtrise rhétorique : « affreux sérail » / «un lieu de délices et de plaisirs » « vivre dans la servitude » / « toujours été libre » « transport de l'amour »/ « violence de la haine » (l.15). Elle utilise en mention le terme de « vertu » pour révéler le contre-usage qui a été fait du mot en masquant une « soumission à tes fantaisies » (l.14). [...]
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