Lettres Persanes, lettre 118 - Montesquieu, dépeuplement de l'Afrique, colonisation, philosophe des Lumière, Afrique, dépeuplement, déshumanisation, esclavagisme, arrivages humains, pertes humaines, commerce triangulaire, exploitation, signes extérieurs de richesse, société du XVIIIe siècle, ironie
Les Lettres Persanes se présentent sous la forme d'une correspondance fictive de deux étrangers Persans du nom d'Usbek et Rica, en voyage en Europe. Le regard étranger et le « travesti persan » de ces deux voyageurs, pour reprendre les mots de Jean Starobinski, permettent à l'auteur de proposer une analyse sans concessions, une critique aussi lucide qu'amusante de la société de son temps, avec ses préjugés, ses tares, ses abus et ses extravagances. Le texte qui nous intéresse ici est la lettre 118 qui traite du dépeuplement de l'Afrique et de la colonisation. Elle s'insère dans un groupement de lettres, de la lettre 113 à 122. Dans ces lettres, Usbek s'adresse à son ami Rhédi et établit une thèse à propos du dépeuplement.
[...] Il utilise ici un adverbe d'intensité pour accentuer le caractère absurde du commerce triangulaire offrant ainsi une critique acerbe de l'esclavagisme et de l'exploitation de l'humain à des fins mercantiles. Ainsi, dans cette troisième partie, Montesquieu insiste sur le caractère absurde de la colonisation et insiste sur le mépris et l'horreur qu'il voue à ce système. Selon lui, l'or et l'argent n'ont pas réellement de valeur intrinsèque. Il dénonce ainsi une société âpre au gain, pour laquelle ne comptent que les apparences et les signes extérieurs de richesse, bien plus que les pertes humaines causées par le commerce triangulaire. [...]
[...] Les Africains sont décimés, ils sont comme broyés par l'engrenage de la surexploitation et de l'esclavagisme. Le verbe « périr » est d'ailleurs un terme très fort, qui insiste sur leur mort violente et douloureuse et crée un sentiment d'empathie chez les lecteurs de cette lettre. Les esclaves sont ainsi présentés comme des victimes de la colonisation et du système esclavagiste. De plus, les propositions juxtaposées et l'anaphore de la conjonction de coordination « et » créent un effet d'énumération, d'accumulation qui illustre la surexploitation des esclaves. Leurs journées de dur labeur sont interminables et harassantes. [...]
[...] Cela montre les conséquences de la colonisation et donc le dépeuplement de l'Afrique. Nous avons ensuite une subordonnée circonstancielle conjonctive qui se rapporte aux lettres précédentes. Cette subordonnée conjonctive nous laisse entendre que Montesquieu a déjà étayé sa thèse de nombreux arguments dans les lettres précédant ce texte et souhaite affermir son propos, en renvoyant ses lecteurs à ces dernières. Nous pouvons relever l'utilisation du présent de narration, qui est employé pour parler d'actions passées. Il donne l'illusion que des faits passés appartiennent au présent, créant ainsi un effet d'accélération, de réalisme accru. [...]
[...] Le bilan de ce système colonial dressé par Montesquieu est donc désastreux. Mais cette phrase peut également être interprétée comme le cynisme de l'Amérique, des esclavagistes, qui souhaitent tirer profit de ces pertes sur le dos des esclaves et de leur surexploitation. Tout d'abord, nous pouvons souligner l'emploi de l'adjectif démonstratif « ces » et du pronom personnel « on ». Il s'agit de tournures impersonnelles qui montrent là encore la déshumanisation des esclaves qui sont dépourvus de leur identité, comme anonymisés. L'usage répété de tournures impersonnelles, probablement délibérées de la part de Montesquieu lui permet de mettre en évidence le détachement total dont ceux qui faisaient l'acquisition de ces esclaves faisaient preuve à leur égard. [...]
[...] L'utilisation du nom « sujets » est également assez intéressante et pourrait même être comparée à un amoindrissement par le lexique. Il s'agit en effet d'un terme impersonnel qui désigne des êtres assujettis, asservis, soumis à une autorité souveraine. Nous pouvons donc supposer qu'à travers ce choix, Montesquieu souhaite dénoncer la déshumanisation dont les Africains sont font l'objet. Cette première partie, principalement descriptive, est assez courte. Elle permet à l'auteur de planter le décor et de dénoncer l'esclavagisme et la dépopulation de l'Afrique qui en découle. II. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture