Lettres de l'année 1671 - Mme de Sévigné (2012) ; Intrigue du mariage de M. le duc de Berry - Saint-Simon (2005) ; La Confession d'un enfant du siècle - Musset (1836) ; Les Années - Annie Ernaux (2008) - L'oeuvre littéraire et le lecteur

Thèmes abordés

Littérature, Madame de Sévigné, Lettres de l'année 1671, Saint-Simon, Intrigue du mariage de M. Le duc de Berry, Musset, La confession d'un enfant du siècle, Annie Ernaux, Les Années, lettres, lecture, lecteur, auteur, rhétorique, roman épistolaire, autoportrait, autobiographie, Providence divine, mémoraliste

Résumé du document

- Madame de Sévigné - Lettres de l'année 1671 (1re oeuvre analysée) :
La correspondance de Madame de Sévigné apparaît comme l'oeuvre d'une lectrice : on y trouve de nombreuses références littéraires, que ce soit sous forme d'une citation ou de la mention de lectures.

- Intrigue du mariage de M. Le duc de Berry (2e oeuvre) :
Saint-Simon écrit d'abord pour lui-même, dans l'objectif de faire le bilan sur des faits passés. Il destine son oeuvre aussi à un autre destinataire, mais ce lecteur n'a pas de réalité particulière. Saint-Simon s'adresse à tout lecteur et présuppose dans son texte l'acte de lecture.

- La confession d'un enfant du siècle (3e oeuvre) :
En intitulant ainsi son ouvrage, Musset crée chez son lecteur, avant même que celui-là ne tourne la première de couverture, un horizon d'attente assez net : l'auteur va raconter sa vie.
Le titre agit alors comme un pré-pacte...

- Les années - Annie Ernaux (4e oeuvre) :
Pas de pacte autobiographique explicite avec le lecteur, pas de préface ni d'avis au lecteur, pas d'interpellation ou de prise à témoin du lecteur, mais une convocation permanente de sa culture, une transmission, un don à l'autre...

Extraits

[...] Madame de Sévigné mentionne des auteurs modernes et écrits faisant l'actualité (voir la critique de Bérénice dans la lettre des auteurs latins comme Tacite et italiens comme Pétrarque et Le Tasse. L'habitude qu'a la marquise de rendre compte de ses lectures de façon critique, ainsi que sa propension à mêler la littérature à la vie sont toutes deux issues de la culture des salons où on lisait en commun. Lire en commun La marquise s'adonne à des lectures solitaires : ainsi la relecture de la Morale de Nicole Mais bien souvent, Mme de Sévigné décrit une pratique de la lecture commune. [...]

[...] Il dévoile donc au lecteur les rouages de l'écriture et la fabrique de l'œuvre, dans un souci de complicité. Saint-Simon expose la manière dont il organise son texte : M. et Mme la duchesse d'Orléans lui « racontèrent tout ce qui s'était passé à Marly, et expliqué ( . ) pour conserver l'ordre du temps de chaque chose » (p. 130). Afin de conserver une succession temporelle linéaire dans son récit, il fait se succéder les évènements de manière chronologique. [...]

[...] Le terme d'indulgence montre que Saint-Simon s'adresse au lecteur dont il sollicite la bienveillance. Mais « indulgence » a aussi une implication religieuse : il est alors légitime de se demander si Saint-Simon ne sollicite pas autant l'indulgence du lecteur que celle de la Providence divine. Le lecteur, auquel l'auteur révélerait tout, constituerait ainsi, en quelque sorte, une préfiguration de la lecture divine qui pourrait être faite de la vie du mémorialiste. La fabrique de l'œuvre Les rouages de l'écriture On peut se demander si l'auteur ne considérerait pas le lecteur comme son complice. [...]

[...] Lecture et création Les lettres sont ainsi le produit d'une polyphonie, d'une écriture-lecture participative. Nous n'y trouvons pas notre conception moderne de l'auteur qui serait seul maître de son œuvre, mais plutôt un passage fluide du statut de lecteur/auditeur à celui d'auteur/créateur. Intrigue du mariage de M. Le duc de Berry Le lecteur comme confident Mensonge et corrections Saint-Simon écrit d'abord pour lui-même, dans l'objectif de faire le bilan sur des faits passés. Il destine son œuvre aussi à un autre destinataire, mais ce lecteur n'a pas de réalité particulière. [...]

[...] le duc de Berry - Saint-Simon (2005) ; La Confession d'un enfant du siècle - Musset (1836) ; Les Années - Annie Ernaux (2008) - L'œuvre littéraire et le lecteur Madame de Sévigné - Lettres de l'année 1671 Rhétorique de la lettre La rhétorique peut être définie comme la composition attentive d'un texte dans le but d'avoir un effet sur son destinataire. La rhétorique de Mme de Sévigné a pour but de rétablir une relation apaisée et durable avec sa fille. [...]