Mme de Sévigné, "Lettre à Pomponne", 1er décembre 1664
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Analyse littéraire sur un extrait de la Lettre à Pomponne du 1er décembre 1664 écrite par Madame de Sévigné.
Sommaire
I) De la lettre au récit
A. Les indices épistolaires B. Un récit
II) Une scène de comédie
A. Une structure théâtrale B. L'importance du dialogue C. Une situation théâtrale
III) Une portée satirique et moralisatrice
A. La leçon donnée par le Roi B. Le point de vue de l'épistolière
Conclusion
Il faut que je vous conte une petite historiette, qui est très vraie et qui vous divertira. Le Roi se mêle depuis peu de faire des vers ; MM. De Saint-Aignan et Dangeau lui apprennent comme il s'y faut prendre. Il fit l'autre jour un petit madrigal, que lui-même ne trouva pas trop joli. Un matin, il dit au maréchal de Gramont : Monsieur le maréchal, je vous prie, lisez ce petit madrigal, et voyez si vous en avez jamais vu un si impertinent . Parce qu'on sait que depuis peu j'aime les vers, on m'en apporte de toutes les façons. » Le maréchal, après avoir lu, dit au Roi : « Sire, Votre Majesté juge divinement bien de toutes choses ; il est vrai que voilà le plus sot et le plus ridicule madrigal que j'aie jamais lu. » Le Roi se mit à rire, et lui dit : « N'est-il pas vrai que celui qui l'a fait est bien fat ? - Sire, il n'y a pas moyen de lui donner un autre nom. - Oh bien ! dit le Roi, je suis ravi que vous m'en ayez parlé si bonnement ; c'est moi qui l'ai fait. - Ah ! Sire, quelle trahison ! Que votre majesté me le rende ; je l'ai lu brusquement. - Non, Monsieur le maréchal ; les premiers sentiments sont toujours les plus naturels. » Le Roi a fort ri de cette folie, et tout le monde trouve que voilà la plus cruelle petite chose que l'on puisse faire à un vieux courtisan. Pour moi, qui aime toujours à faire des réflexions, je voudrais que le Roi en fît là-dessus, et qu'il jugeât par là combien il est loin de connaître jamais la vérité.
I) De la lettre au récit
A. Les indices épistolaires B. Un récit
II) Une scène de comédie
A. Une structure théâtrale B. L'importance du dialogue C. Une situation théâtrale
III) Une portée satirique et moralisatrice
A. La leçon donnée par le Roi B. Le point de vue de l'épistolière
Conclusion
Il faut que je vous conte une petite historiette, qui est très vraie et qui vous divertira. Le Roi se mêle depuis peu de faire des vers ; MM. De Saint-Aignan et Dangeau lui apprennent comme il s'y faut prendre. Il fit l'autre jour un petit madrigal, que lui-même ne trouva pas trop joli. Un matin, il dit au maréchal de Gramont : Monsieur le maréchal, je vous prie, lisez ce petit madrigal, et voyez si vous en avez jamais vu un si impertinent . Parce qu'on sait que depuis peu j'aime les vers, on m'en apporte de toutes les façons. » Le maréchal, après avoir lu, dit au Roi : « Sire, Votre Majesté juge divinement bien de toutes choses ; il est vrai que voilà le plus sot et le plus ridicule madrigal que j'aie jamais lu. » Le Roi se mit à rire, et lui dit : « N'est-il pas vrai que celui qui l'a fait est bien fat ? - Sire, il n'y a pas moyen de lui donner un autre nom. - Oh bien ! dit le Roi, je suis ravi que vous m'en ayez parlé si bonnement ; c'est moi qui l'ai fait. - Ah ! Sire, quelle trahison ! Que votre majesté me le rende ; je l'ai lu brusquement. - Non, Monsieur le maréchal ; les premiers sentiments sont toujours les plus naturels. » Le Roi a fort ri de cette folie, et tout le monde trouve que voilà la plus cruelle petite chose que l'on puisse faire à un vieux courtisan. Pour moi, qui aime toujours à faire des réflexions, je voudrais que le Roi en fît là-dessus, et qu'il jugeât par là combien il est loin de connaître jamais la vérité.
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Extraits
[...] Notre lecture de cette lettre analysera dans un premier mouvement le passage de la lettre au récit. Dans un second mouvement nous nous attacherons que la scène décrite est une véritable scène de comédie et enfin, nous montrerons la portée satirique et moralisatrice. I. De la lettre au récit On peut parler de genre épistolaire de type narratif parce que l'on a un récit adressé à un interlocuteur bien précis. A. Les indices épistolaires Cet extrait fournit les indices d'une écriture épistolaire. [...]
[...] Elle ne se passe pas à huis-clos mais devant d'autres personnes, au sein d'une communauté: MM. De Saint-Aignan et Dangeau l.2 qui lui apprennent à faire des vers sont sans doute présents à cette scène, tout le monde l.11. Le groupe nominal une petite historiette annonçait comme on l'a dit l'orientation narrative de la lettre, mais il suggère également un second objectif qui est de faire rire, de divertir l.1. Mme de Sévigné va raconter ce petit incident de cour à son ami à la manière d'une scène de théâtre et plus précisément comme une scène de comédie. [...]
[...] Cette séparation fut pour Mme de Sévigné un véritable déchirement, mais qui fut l'occasion d'une correspondance célèbre entre la mère et la fille, ininterrompue de 1671 à 1696. Ce recueil réunit également des lettres adressées à d'autres destinataires. Les quelques 764 lettres qui composent cet œuvre représentent un témoignage savoureux des mœurs de son époque. Observatrice perspicace, véritable chroniqueuse de la vie de cour, Mme de Sévigné relate les événements marquants qui ont eu lieu à Paris. L'épistolière met en scène, dans la lettre proposée à l'étude, une anecdote illustrant l'état d'esprit qui règne dans l'entourage de Louis XIV. [...]
[...] Parce qu'on sait que depuis peu j'aime les vers, on m'en apporte de toutes les façons. Le maréchal, après avoir lu, dit au Roi : Sire, Votre Majesté juge divinement bien de toutes choses ; il est vrai que voilà le plus sot et le plus ridicule madrigal que j'aie jamais lu. Le Roi se mit à rire, et lui dit : N'est-il pas vrai que celui qui l'a fait est bien fat ? Sire, il n'y a pas moyen de lui donner un autre nom. [...]
[...] Elle joue la fonction de captatio benevolentiae. Les phrases suivantes ( Le Roi se mêle il dit au maréchal de Gramont l.2-3) mettent en place des éléments, les personnages et les circonstances, avec des sous-entendus (idée que le Roi a un nouveau passe-temps et des professeurs pour lui enseigner la manière de composer des vers) qui fonctionnent comme des apartés au théâtre. Comme au théâtre le spectateur, le destinataire de la lettre en sait plus que la victime, le maréchal de Gramont. [...]