Rimbaud est une des grandes figures de la poésie de la fin du XIXe siècle. Il est l'héritier de Hugo et Baudelaire, mais se libère vite de leur influence pour créer une poésie nouvelle, libérée de toutes contraintes, notamment avec ses poèmes en vers libres et ses poèmes en prose. Il a écrit deux lettres appelées “Lettres du Voyant” dont la première, adressée à Georges Izambard, constitue une sorte de manifeste de sa conception de la poésie, et du bouleversement qu'il veut apporter.
Rimbaud s'en prend à son destinataire, qui suit sagement le chemin de la société, alors que lui a décidé de s'en détacher pour devenir poète. Il y affirme son destin de poète. C'est une lettre paradoxale, qui attaque son destinataire puis l'oublie pour parler de lui et de sa conception de la poésie.
[...] Première lettre du Voyant (à Georges Izambard mai 1871) Introduction Rimbaud est une des grandes figures de la poésie de la fin du XIXe siècle. Il est l'héritier de Hugo et Baudelaire, mais se libère vite de leur influence pour créer une poésie nouvelle, libérée de toutes contraintes, notamment avec ses poèmes en vers libres et ses poèmes en prose. Il a écrit deux lettres appelées Lettres du Voyant dont la première, adressée à Georges Izambard, constitue une sorte de manifeste de sa conception de la poésie, et du bouleversement qu'il veut apporter. [...]
[...] On note le premier tiret, signe typographique très présent dans le texte et dans la poésie de Rimbaud, et qui introduit ici une déstructuration de la prose. On remarque l'apparition du Moi après le Vous et le on et la singularité est affirmée fortement, par la mise en relief du Moi, je Cela introduit une longue phrase ponctuée d'une série de deux points, qui miment le raisonnement, la succession de conséquences. Il parodie la morale de son destinataire en la détournant : je me fais cyniquement entretenir avec les italiques sur ce dernier mot, qui le mettent en relief et indiquent peut-être la reprise d'un mot qu'il a entendu et retranscrit ici. [...]
[...] Avec vous finirez et sera au futur apparaît un ton prophétique menaçant, comme si Rimbaud se faisait prophète. Il critique cette conception de la poésie qui n'est pas la sienne. Ce qui lui veut, c'est la poésie objective c'est-à-dire la poésie universelle. je la verrai fait apparaître le champ lexical de la vue, qui va introduire le thème du voyant. Avec Je serai un travailleur apparaît l'idée d'un poète travailleur qu'on peut interpréter de deux façons: -le poète se fait ouvrier par solidarité avec le peuple -le poète est un artisan, qui façonne son art. [...]
[...] Il critique la conception que son destinataire a de la poésie : poésie subjective horriblement fadasse Il montre encore son mépris pour le monde de l'enseignement, qui va encore plus loin, avec râtelier universitaire qui évoque une comparaison avec du bétail, qui ne serait animé que par le besoin de nourriture. Il a conscience de sa virulence, avec le Pardon ! entre deux tirets, comme une incise qui vise à modérer la violence de ses propos. La succession de points virgule montre la vivacité de l'écriture, qui va de pair avec la violence de la critique. [...]
[...] Cela semble préfigurer les analyses sur l'inconscient. Il s'excuse à nouveau : Pardon du jeu de mots qui souligne l'incorrection grammaticale de la construction. Je est un autre apparaît comme l'affirmation de la difficulté posée par la poésie, qui est l'expression des sentiments du je le je de la poésie est-il le même que celui du sujet ? À la fin de la lettre, il revient à son destinataire : Vous n'êtes pas Enseignant pour moi. La majuscule pourrait connoter le respect, mais elle est ironique, car ici, il inverse les rôles : c'est lui qui donne une leçon à son destinataire. [...]
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