Lettre à C. de Beaumont, Jean-Jacques Rousseau, essence de l'homme, acquisition de la raison, enfance de la raison
La tradition philosophique a longtemps considéré que, en quelque sorte dès sa naissance, l'homme est, pour reprendre la formule d'Aristote, un « animal raisonnable ».
C'est une conception tout autre qu'affirme Rousseau, en considérant que la raison résulte d'un développement d'autant plus lent que l'homme est d'abord préoccupé de sa survie. En soulignant l'importance de l'histoire dans la définition de l'homme et de qualités qu'on faisait tenir à son essence, Rousseau inaugure une approche sans doute plus moderne, mais qui ne peut, surtout à son époque, qu'être suspecte pour les théologiens.
[...] Cela ne signifie aucunement qu'il deviendra parfait, et d'autant moins que la raison n'est pas obligatoirement bien orientée, ou orientée vers le bien commun. Mais ce qui importe ici, c'est d'abord de comprendre que la raison n'est pas naturelle en l'homme et qu'elle dépend de sa culture. Ce texte témoigne de l'importance que Rousseau attribue à la dimension historique de l'existence humaine, qui fait apparaître progressivement les qualités de l'humanité. Rousseau est ainsi le premier qui, contre la tradition rationaliste et chrétienne, ose affirmer que l'être humain est initialement indéterminé et qu'il se transformera en fonction de ses conditions d'existence: tant que ces dernières maintiennent entre les individus une égalité à peu près satisfaisante, elles sont favorables et la raison elle-même est bien orientée. [...]
[...] Mais cette hypothèse ne se préoccupe pas de faits: elle est dogmatique, et ne se soucie, ni de l'histoire individuelle, ni d'une histoire collective. C'est précisément en faisant allusion à ce qui a lieu dans cette histoire que Rousseau souligne des éléments indiquant qu'il n'est pas vrai que l'homme apporte avec lui sa raison toute formée la tradition du rationalisme est ainsi mise à mal par une sorte d'empirisme empruntant ses observations au développement de l'homme et à son histoire. II- Comment s'effectue l'acquisition de la raison? [...]
[...] Commentaire de texte: Rousseau, Lettre à C. de Beaumont: La tradition philosophique a longtemps considéré que, en quelque sorte dès sa naissance, l'homme est, pour reprendre la formule d'Aristote, un animal raisonnable C'est une conception tout autre qu'affirme Rousseau, en considérant que la raison résulte d'un développement d'autant plus lent que l'homme est d'abord préoccupé de sa survie. En soulignant l'importance de l'histoire dans la définition de l'homme et de qualités qu'on faisait tenir à son essence, Rousseau inaugure une approche sans doute plus moderne, mais qui ne peut, surtout à son époque, qu'être suspecte pour les théologiens. [...]
[...] C'est pourquoi son temps est d'abord consacré à sa nourriture et à sa sécurité. Dans de telles conditions, qui étaient, d'après Rousseau, celles ou dut vivre l'homme de la nature l'activité intellectuelle reste évidemment limitée, et l'homme demeure très en retrait des multiples opérations intellectuelles que nécessite le développement de la raison. C'est pourquoi le Second Discours a pu affirmer que, à l'époque de cet homme de la nature les générations se succédaient sans que s'accomplisse un véritable progrès: l'espèce était déjà vieille, et l'homme restait toujours enfant formule à laquelle fait ici écho le fait qu'il meurt avant d'être sorti de l'enfance de la raison Le secours des semblables conditionne le développement de la raison: Il en résulte qu'un certain environnement social est nécessaire à la formation sérieuse de la raison et à son développement. [...]
[...] C'est alors que la société corrompt l'homme, mais on voit que les premières sociétés lui permettent au contraire d'acquérir des caractéristiques qui, pour n'être plus essentielles, n'en sont pas moins spécifiques. [...]
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