Ecrite pour ne pas être lue, la
[...] En même temps, c'est un moyen pour Kafka de nuancer son propos. Ce qui est propre à l'argumentaire : reconnaître d'abord pour ensuite mieux s'opposer. Dans cette phrase : Je ne nie pas le rapport de force entre le père et le fils s'avère évident. Si le père y avait trouvé de l'intérêt elles seraient devenues suspectes Par l'emploi de cet adjectif Kafka criminalise son père et pourtant le modalisateur peut-être en atténue les effets. Tout se passe comme si Kafka n'osait pas s'opposer clairement au père et cela corrobore, semble-t-il, l'idée qu'il en a peur. [...]
[...] Et le mais contribue en quelque sorte à rendre sa pensée négative tout en la structurant. D'ailleurs, par «au-delà Kafka tente sans doute de se placer au dessus des querelles mesquines et basses. D'autre part, l'emploi du pronom on lui permet de multiplier les locutaires. Kafka veut signifier ici qu'il n'est pas le seul à subir la tyrannie du père ; toute la famille doit s'y conformer. L'emploi du conditionnel est à cet égard explicite. Tout se passe comme si la famille qui aurait pu espérer voit ses espoirs déçus. [...]
[...] Trait de caractère qui s'apparenterait alors davantage à de l'atavisme. Epreuve et affronter renvoient également au combat et à l'épreuve de force, mais aussi à la douleur, à quelque chose de difficile. A côté de ces termes forts, le lexique s'avère plutôt banal, c'est peut- être la façon qu'a trouvé Kafka pour reprocher au père son indifférence et le désarroi qu'il éprouve, désarroi renforcé par l'adverbe même et par la mise en apposition de par mon entremise où Kafka porte la responsabilité du dégoût du père pour le judaïsme, attitude qui contribue à alimenter sa culpabilité. [...]
[...] Réquisitoire qui malgré tout se termine par des termes sans appel, par une haine ouverte une sorte de dichotomie entre les non dits, les euphémismes employés pour sauvegarder les apparences et cette haine ouverte qui est le paroxysme de la violence familiale et intime. Conclusion : Kafka ressentit, semble-t-il, une haine sourde envers son père tout en semblant le craindre. Prenant prétexte d'une réflexion sur le judaïsme, il a rédigé un réquisitoire violent contre ce père, plein de ressentiment. Ce ressentiment s'avère toutefois nuancé. [...]
[...] Et la syntaxe, en quelque sorte, contribue à la distribution des rôles voulue par le fils. C'est ainsi que dans l'apodose de la phrase le père devient sujet malgré la tournure : il t'es apparu et les choses juives sont reléguées en fin de phrase. D'ailleurs, le possessif ton judaïsme semble symboliser une religion particulière, propre au père. Et l'influence du père est d'autant plus forte qu'elle est mise en parallèle avec les doutes du fils, qui utilise des modalisateurs comme dans une certaine mesure pour nuancer son propos. [...]
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