Lecture analytique de la lettre 81 extraite de Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos, où se présente et s'affirme le personnage de la marquise de Merteuil.
[...] Ceci se perçoit également dans la répétition anaphorique de la négation l.46-47. A ces pronoms s'oppose celui de la 3ème pers. du singulier marqué par l'indéfini ON fois). Il représente la société dans laquelle évolue le personnage. Sa moindre importance numérique souligne le peu de cas qu'en fait la marquise. Elle adopte alors la position morale du libertin qui consiste à penser par soi-même et à se construire ses propres règles de conduite, ses propres principes. C'est l'individu qui l'emporte sur la société. [...]
[...] Elle juge le monde extérieur et apprend la dissimulation, puis le travestissement. Son apprentissage concerne des connaissances sociales sur le comportement en société, bien plus que des savoirs savants. Elle se compare d'ailleurs aux Politiques (l.41-42) possédant les mêmes talents de dissimulation, experts en manigances. Ceci alors qu'elle n'a que 16 ans Ce n'est qu'un début : elle apparaît comme une femme redoutable ! L'omniprésence de la 1ère personne (80 occurrences toutes marques confondues) souligne le caractère solitaire de l'éducation. [...]
[...] Valmont et la marquise de Merteuil sont deux séducteurs professionnels, hypocrites et manipulateurs. Tout au long de l'œuvre, ils se confient leurs stratégies amoureuses, se flattent de corrompre la vertu de leurs victimes et s ‘amusent des réactions de ces dernières. L'extrait proposé est un passage de la lettre LXXXI dans lequel la marquise fait le récit de sa vie à Valmont et lui décrit la manière dont elle parvint à construire sa personnalité. Comment sur le mode de la confidence, cette lettre dénonce-t-elle la société du XVIII ème siècle ? [...]
[...] C'est son orgueil démesuré qui la rend si imprudente + 26). Il apparaît au travers de ces confidences épistolaires, que la marquise de Merteuil est un personnage éduqué. Mais son éducation est toute personnelle, libertine et elle vicie l'esprit de la jeune femme la laissant apparaître comme une froide manipulatrice. La jeune femme se décrit comme toute-puissante, capable par son seul esprit de tourner les règles de la société à son profit, afin de satisfaire ses désirs et son orgueil. [...]
[...] Elle excelle dans l'art du paraître. La forme pronominale du verbe travailler (l.23) souligne la mise en pratique d'un exercice rigoureux et permanent afin de composer une attitude. On distingue des phases d'action et des phases d'observation. Tel un félin, elle observe puis teste son apprentissage. Ce sont les phases d'inaction qui lui ont permis d'observer et de réfléchir. Elle a jugé le monde extérieur, a appris la dissimulation et le travestissement. Elle a su jouer avec les apparences, faire semblant pour arriver à ses fins. [...]
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