Exemple de plan de commentaire littéraire détaillé de la fin de la partie I "Lire" de Les Mots de Sartre, de "Il y avait une autre vérité" à "ça ne tournait pas rond".
[...] Même un rôle muet m'eût comblé; j'aurais accepté dans l'enthousiasme de faire un blessé sur une civière, un mort. L'occasion ne m'en fut pas donnée: j'avais rencontré mes vrais juges, mes contemporains, mes pairs, et leur indifférence me condamnait. Je n'en revenais pas de me découvrir par eux: ni merveille ni méduse, un gringalet qui n'intéressait personne. Ma mère cachait mal son indignation: cette grande et belle femme s'arrangeait fort bien de ma courte taille, elle n'y voyait rien que de naturel: les Schweitzer sont grands et les Sartre petits, je tenais de mon père, voilà tout. [...]
[...] Un récit rétrospectif: Un cadre spatio-temporel: -effet de réel: Jardin du Luxembourg restitué avec détails: terrasses», arbres fauteuils de fer -centre de Paris qui connote l'image bourgeoise de son enfance -époque précise: 8 ans -imparfait itératif (qui marque l'habitude): en un seul texte, il raconte une seule fois ce qui se passait out le temps Les personnages: -le monde des enfants: je s'oppose aux autres>distinction: des enfants jouaient, je m'approchais d'eux ils opposé à je je opposé à les -avec un qui est le chef: chef de la bande mais pas d'indication>il s'agit d'un groupe d'enfant anonyme -adultes: sa mère s'oppose aux autres femmes: ma mère opposé à dames »>c'est aussi un groupe anonyme >>les enfants et leurs mères représentent donc le monde extérieur, de la vraie vie. Progression narrative: -sa relation avec les enfants qui est un échec jusqu'à un gringalet qui n'intéressait personne»: il se tient à l'écart, immobile, en situation d'attente -intervention de la mère qui veut aider>reproduite au style direct (cela marque la précision de la mémoire), mais il ne veut pas par orgueil -dénouement: reconstitution du couple mère-fils suite à l'échec. Couple indissociable, privilégié, en sécurité, errant et toujours exclu. [...]
[...] Je la suppliais de n'en rien faire; elle prenait ma main, nous repartions, nous allions d'arbre en arbre et de groupe en groupe, toujours implorants, toujours exclus. Au crépuscule, je retrouvais mon perchoir, les hauts lieux où soufflait l'esprit, mes songes: je me vengeais de mes déconvenues par six mots d'enfant et le massacre de cent reîtres. N'importe: ça ne tournait pas rond. * Exemple de commentaire: -Il s'agit d'un récit d'enfance avec beaucoup d'implicites. -Cette scène d'enfance est douloureuse et pénible: à 8 ans il est marginalisé dans ses relations sociales>forme d'injustice: rejeté par ses semblables! [...]
[...] Jean-Paul Sartre, Les mots, fin de la partir I Lire Il y avait une autre vérité. Sur les terrasses du Luxembourg, des enfants jouaient, je m'approchais d'eux, ils me frôlaient sans me voir, je les regardais avec des yeux de pauvre: comme ils étaient forts et rapides! comme ils étaient beaux! Devant ces héros de chair et d'os, je perdais mon intelligence prodigieuse, mon savoir universel, ma musculature athlétique, mon adresse spadassine; je m'accotais à un arbre, j'attendais. Sur un mot du chef de la bande, brutalement jeté: Avance, Pardaillan, c'est toi qui feras le prisonnier j'aurais abandonné mes privilèges. [...]
[...] Mais, voyant que nul ne m'invitait à jouer, elle poussait l'amour jusqu'à deviner que je risquais de me prendre pour un nain ce que je ne suis pas tout à fait et d'en souffrir. Pour me sauver du désespoir elle feignait l'impatience: Qu'est-ce que tu attends, gros benêt? Demande-leur s'ils veulent jouer avec toi. Je secouais la tête: j'aurais accepté les besognes les plus basses» je mettais mon orgueil à ne pas les solliciter. Elle désignait des dames qui tricotaient sur des fauteuils de fer: Veux-tu que je parle à leurs mamans? [...]
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