La première des six sections, intitulée "Spleen et idéal", est de loin la plus fournie, ne comptant pas moins de quatre-vingt-cinq poèmes. Elle constitue une forme d'exposition : c'est le constat du monde réel tel que le perçoit le poète. Baudelaire s'est inspiré de plusieurs muses pour écrire certains des poèmes de son recueil : principalement Jeanne Duval (XXII à XXXIX), l'actrice Marie Daubrun (XLIX à LVIII) et la belle Apollonie Sabatier (XL à XLVIII), surnommée « La Présidente » et réputée rayonner par sa beauté, sa bonté et sa joie de vivre. C'est en 1852 que le poète commença à entretenir une relation platonique et épistolaire avec cette dernière, en qui il croyait reconnaître une image de la vertu et de l'innocence, par opposition à l'amour charnel et passionnel qu'il entretenait avec celle qu'il surnommait sa « Vénus noire », Jeanne Duval.
Consacré à la belle salonnière, le XLIIème poème de cette première section ne porte pas de nom. C'est le troisième du cycle qui lui est dédié. Il exprime la sublimation du désir sexuel en une adoration spirituelle. Revêtant la forme d'un sonnet bien que prenant quelques libertés avec le genre, il est construit comme un dialogue entre une âme et un ange, mettant en relief la désincarnation de la femme et la parole « canonique » de l'être féminin. Faisant état d'un amour presque idéal, il peut aussi être lu comme un salut.
I- Une description plus sensuelle que physique
a- Un hymne à la jeune femme
Introduit par l'anaphore de la locution verbale Que diras-tu (vers 1 et 2), il montre bien l'importance pour le narrateur de parler à cette femme. Ainsi, la description que le poème fait d'elle se révèle être une véritable mise en scène d'un bel amour (...)
[...] Comme pour la lumière précédemment, ce calme et cette douceur présents tout au long du poème s'opposent à la corruption des Fleurs du Mal, tout en figurant dans le recueil. Conclusion Incorporé au cycle consacré à Apollonie Sabatier, ce poème est particulièrement évocateur de cette femme fantasmée par Baudelaire. Elle incarne l'amour spiritualisé, répondant à la quête ardente et nostalgique d'un au-delà sentimental. Contrairement à la Vénus noire Jeanne Duval, incarnation de l'amour sensuel, le poème n'en livre aucun détail physique, suggérant le sentiment de l'auteur pour l'amour : un remède aux maux de notre âme à condition d'être maintenue hors des contingences charnelles. [...]
[...] / Je suis l'Ange Gardien, la Muse et la Madone (vers 12 à 14). En outre, son autorité symbolise le calme, comme en témoigne l'antithèse du vers 6 : la douceur de son autorité, avec une allitération en qui s'oppose au son dur r et à l'accent rythmique sur la dernière syllabe du terme autorité. En utilisant la prosopopée (figure de rhétorique qui consiste à prêter de l'action, des sentiments et du mouvement aux choses inanimées, à faire parler une personne morte ou absente), Baudelaire décrit sa nature profonde et met en relief un discours artificiel, mystique à la première personne du singulier. [...]
[...] Puis, elle est la Muse, l'inspiratrice du poète, et enfin la Madone, finalisant sa dimension angélique. L'alternance des rimes masculines et féminines, notamment dans le second tercet -bo et -done accentue la beauté de cette femme. La mise en scène est bonifiée par un jeu sur les cinq sens qui s'entremêlent : le toucher, comme le terme chair (vers le laisse supposer, qui est lié à l'odorat (le parfum, vers lui-même lié à la vue (son œil, vers puis au goût, puisque le poète doit savoir apprécier le Beau (vers 13). [...]
[...] L'amour s'établit alors sur des hauteurs divines, inaccessibles au Spleen, la femme devenant l'Ange Gardien, la Muse et la Madone. Malheureusement et malgré ces qualités, la critique qu'en fait le poète dans le poème qui ouvre le cycle (Semper eadem, XL) marque son échec. De fait, cette mystique de l'amour cédera à Baudelaire en août 1857 et chutera du piédestal sur lequel il l'avait élevée. En effet, peu après il écrira : Il y a quelques jours, tu étais une divinité, ce qui est si commode, ce qui est si beau, si inviolable. Te voilà femme maintenant . [...]
[...] C'est en 1852 que le poète commença à entretenir une relation platonique et épistolaire avec cette dernière, en qui il croyait reconnaître une image de la vertu et de l'innocence, par opposition à l'amour charnel et passionnel qu'il entretenait avec celle qu'il surnommait sa Vénus noire Jeanne Duval. Consacré à la belle salonnière, le XLIIème poème de cette première section ne porte pas de nom. C'est le troisième du cycle qui lui est dédié. Il exprime la sublimation du désir sexuel en une adoration spirituelle. Revêtant la forme d'un sonnet bien que prenant quelques libertés avec le genre, il est construit comme un dialogue entre une âme et un ange, mettant en relief la désincarnation de la femme et la parole canonique de l'être féminin. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture