I- Le thème du spleen
Sentiment profond mêlant ennui et lassitude de l'existence, perte d'idéal, le spleen irrigue la totalité du poème avec :
a- L'ennui
C'est le roi (vers 1), allégorie du poète, qui en est atteint et duquel rien ne peut l'en extraire :
_léthargique, aucun des plaisirs habituels des monarques ne parvient à l'égayer :
- ni la chasse (S'ennuie avec ses chiens comme avec d'autres bêtes. / Rien ne peut l'égayer, ni gibier, ni faucon, vers 4-5)
- ni son peuple (Ni son peuple mourant en face du balcon, vers 6) puisque l'ennui est si présent que même la gravité du qualificatif mourant ne le fait réagir
- ni son bouffon (Du bouffon favori la grotesque ballade / Ne distrait plus le front de ce cruel malade, vers 7-8) où l'adjectif grotesque insiste sur la qualité du divertissement
ni même les charmes et les efforts des courtisanes (Et les dames d'atour, pour qui tout prince est beau, / Ne savent plus trouver d'impudique toilette / Pour tirer un souris de ce jeune squelette, vers 10 à 12).
_ finissant même par devenir involontairement cruel (Ne distrait plus le front de ce cruel malade, vers 8).
À travers l'apathie d'un roi, Baudelaire versifie ce qu'il écrivait à sa mère : « L'ennui naît de l'absence de curiosité ».
b- Le temps
Chaque fois qu'il est abordé, Baudelaire en souligne le caractère péjoratif, la rapidité comme l'impossibilité d'évoluer depuis des temps ancestraux, tonalité qu'il suggère en versifiant une atmosphère médiévale, voire mythologique (...)
[...] Si comme le précédent, le poème commence par une occurrence de la première personne du singulier, il ne fera aucune allusion directe à la vie de l'auteur. Ici, le poète en proie au spleen va se définir en dehors de toute allusion à sa vie et au travers d'une vaste et morne comparaison royale. Le thème du spleen Sentiment profond mêlant ennui et lassitude de l'existence, perte d'idéal, le spleen irrigue la totalité du poème avec : L'ennui C'est le roi (vers allégorie du poète, qui en est atteint et duquel rien ne peut l'en extraire : - léthargique, aucun des plaisirs habituels des monarques ne parvient à l'égayer : .ni la chasse (S'ennuie avec ses chiens comme avec d'autres bêtes. [...]
[...] - finissant même par devenir involontairement cruel (Ne distrait plus le front de ce cruel malade, vers 8). À travers l'apathie d'un roi, Baudelaire versifie ce qu'il écrivait à sa mère : L'ennui naît de l'absence de curiosité Le temps Chaque fois qu'il est abordé, Baudelaire en souligne le caractère péjoratif, la rapidité comme l'impossibilité d'évoluer depuis des temps ancestraux, tonalité qu'il suggère en versifiant une atmosphère médiévale, voire mythologique. Ainsi : - le roi est jeune et pourtant très-vieux (vers comme si le temps n'était synonyme que de vieillissement et rendait toute jeunesse impossible, pourtant période vitale par excellence. [...]
[...] De plus, le thème de la mort parcourt le poème : son peuple mourant (vers Son lit fleurdelisé se transforme en tombeau (vers ce jeune squelette (vers ce cadavre hébété (vers 17) et l'eau verte du Léthé (vers allusion à l'un des cinq fleuves des Enfers, parfois nommé fleuve de l'Oubli II- Un anéantissement fatal et inéluctable De façon inéluctable, le spleen mène à la mort, à l'anéantissement du poète que suggère la rigueur de la composition du poème. L'anéantissement du poète Il transparaît à travers : - la disparition du poète au fil du poème, anéanti dans l'oubli et devenu une ombre de l'enfer. [...]
[...] Le comparé du premier vers disparaît dès le vers suivant au profit du comparant (le roi d'un pays pluvieux, vers 1). Ainsi : .le roi n'est d'abord plus désigné que par des pronoms qui le mettent à distance (ses, vers 4 ; son, vers et 14 ; l', vers 5 ; lui, vers 13) et des périphrases (ce jeune squelette, vers 12 ; ce cadavre hébété, vers 17) .la métonymie du balcon (vers dit l'absence du roi, bien qu'elle le désigne .d'abord sujet, notamment dans les cinq premiers vers, sa présence est amoindrie en passant à l'état d'étranger, voire d'objet (avec par exemple ce jeune squelette, vers 12). [...]
[...] Parallèlement à cette évolution, la gradation des périphrases désignant le roi amène, également et de façon régulière, à la même fin : ce cruel malade (vers ce jeune squelette (vers 12) et enfin ce cadavre hébété (vers 17). Conclusion Dans les deux Spleen précédents, le poète avait encore sa place, peu enviable certes puisque confronté à la vieillesse, le froid et la pluie (LXXV) ou bien projeté dans un univers énigmatique avec une disparition du réel (LXXVI). Ici, plus rien : la vie n'a plus de sens et tout naturellement la mort sanctionne ce mal tant physique que moral. [...]
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