- "Or pour retourner à notre route" : L'attaque de l'extrait pose d'emblée les lignes précédentes comme une sorte de digression, où Léry s'est éloigné de la narration proprement dite du voyage. En effet, il s'est attardé, dans le § précédent, sur les ennemis espagnols et les portugais qui abondent sur les mers. Léry annonce donc un retour à la narration du voyage.
- L'emploi de la première personne du pluriel ("notre route") permet, au-delà de la désignation et de l'auteur et ses compagnons, d'impliquer le lecteur (...)
[...] Dès lors, son aventure prend des allures de voyage initiatique La temporelle quand de cette façon suivie de l'emploi du on soutient cette généralisation de l'expérience. Léry inscrit son récit dans une veine épique, à grand renfort de termes hyperboliques destinés à impressionner le lecteur et à mettre en valeur le caractère exemplaire de son périple. L'adverbe temporel soudain dénote la surprise et est accentué par l'adverbe intensif tout Une consécutive est à nouveau introduite : on est tout soudain tellement haut élevé qu'il semble C'est la 2e fois déjà que l'on trouve la structure tellement que Le verbe s'élever figurait déjà ligne On le retrouve lignée 11, élevé ; d''ailleurs, l'adjectif haut est accolé à élevé d'où un effet de surenchère, d'amplification puisque ces deux termes renvoient au même sémantisme. [...]
[...] Les 3 derniers vers se présentent sous forme d'une petite conclusion à l'allure sentencieuse : Réputer fol on peut donc bien celui / Qui va sur mer, si en Dieu ne se fie La conjonction donc souligne le caractère conclusif de cette sorte de maxime. On trouve 2 occurrences de Dieu dans les 2 derniers vers : ce caractère redondant souligne avec force sa toute puissance, qui est d'ailleurs renforcée par l'adjectif seul à la césure. Le présentatif c'est Dieu seul introduit une certaine emphase dans ces vers à la gloire de Dieu. [...]
[...] Le voyage a manifestement été difficile, comme le suggérait déjà le titre du chapitre tourments L'adverbe de fréquence derechef souligne le caractère itératif des périls encourus. L'adjectif enflée aide le lecteur à se représenter visuellement la scène de tempête, la mer est comme gonflée, mue par une force souterraine et menaçante. Sur le plan symbolique, la mer houleuse représente les dangers et difficultés du monde. On peut remarquer que les données rapportées par Léry présentent un certain flou, dans des fragments comme l'espace de 6 ou 7 jours je vis par plusieurs fois L'usage d'approximations plus ou moins vagues révèle peut-être : - une défaillance bien compréhensible de la mémoire, après tant d'années - le désir de brouiller les informations, tout en apportant tout de même des éléments d'une relative précision au lecteur. [...]
[...] Le 2e volet de la consécutive est très long et est introduit par mais aussi On peut remarquer que Léry manie beaucoup le participe pst (s'étant enflée l 5 : étant lors à la pratique ; chancelant ; l 15 : subsistant Léry intercale une proposition au participe présent dans la phrase et retarde la poursuite du récit de la tempête en tant que tel : étant lors à la pratique de ce qui est dit au psaume 107 Léry renvoie ici explicitement à une référence religieuse, qui est tout à fait fondamentale puisque la religion innerve tout l'ouvrage. Il faut bien garder à l'esprit que Léry est un protestant fervent ! Le sujet pluriel nous tous créé un effet de groupe, en renvoyant à une collectivité indifférenciée, une masse. C'est un procédé très fréquent de l'épique. Cette tempête est en effet inscrite dans une atmosphère épique. On assiste à un combat, une lutte déséquilibrée entre la mer et l'homme impuissant qui s'en remet au créateur, trouve un appui dans la religion seulement. [...]
[...] La métaphore des montagnes d'eau est particulièrement efficace p dessiner dans l'esprit du lecteur un tableau, une image visuelle de la scène. Les vagues colossales contrastent avec la faiblesse du navire [dont Léry a déjà parlé plus tôt dans le chapitre Dans la 1ère partie de la phrase qui commence par Et de fait on trouve tout un réseau de termes qui renvoient à l'idée d'une ascension : haut élevé montagnes monter jusqu'aux ciels L'ascension revêt en fait 2 aspects : - d'une part, un aspect physique, matériel : le corps suit le mouvement de la brutalité des eaux - d'autre part, un aspect disons moral, religieux. [...]
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