Projet pédagogique ambitieux, Souvenirs de familles immigrées s'est construit sur un corpus de textes de jeunes collégiens de la Courneuve, en Seine Saint Denis, issus de 20 pays dispersés aux quatre coins du monde. Souvenirs de familles immigrées a cette ambition d'analyser sociologiquement le rapport au passé des familles immigrées. La richesse de l'ouvrage est qu'il met en lumière une réalité autre et plus complexe que celle de l'analyse bourdieusienne de la mémoire familiale, sous-ensemble du capital culturel et symbolique, qui serait inégalement répartie selon les classes sociales (...)
[...] Il est parfois passé sous silence et a donc fait basculé certains épisodes du parcours migratoire difficile, comme les guerres dévastatrices (l'invasion des Khmers rouges ou encore les épisodes meurtriers de l'ex- Zaïre) dans l'oubli. A cela s'ajoute la légitimité du souvenir familial. La mémoire d'un passé, d'une trajectoire résidentielle, sociale et professionnelle réussie sera plus aisément transmis, mais parfois les raisons de la migration sont occultés par les parents, qui créent alors de l'oubli du passé familial. Comment se fait la transmission du passé familial ? [...]
[...] La mémoire familiale n'existe pas au sein des familles enquêtées, cela ne signifie pas qu'elles n'ont pas de souvenirs liés à la famille, mais qu'ils sont liés à d'autres souvenirs, sortant du cadre exclusivement familial. Souvenirs de familles immigrées rénove le concept de mémoire familiale en tentant de le sortir de la sphère privée tout en ne le mettant pas au centre de l'existence. [...]
[...] Souvenirs de familles immigrées a cette ambition d'analyser sociologiquement le rapport au passé des familles immigrées. La richesse de l'ouvrage est qu'il met en lumière une réalité autre et plus complexe que celle de l'analyse bourdieusienne de la mémoire familiale, sous-ensemble du capital culturel et symbolique, qui serait inégalement répartie selon les classes sociales. Mémoire (contenus des souvenirs, ) et conditions matérielles d'accès au passé doivent être clairement distingués. Autre hypothèse que soulève Souvenirs de familles immigrées, le facteur culturel n'est pas le seul intervenant dans l'élaboration d'un rapport au passé familial, s'y ajoute le contexte migratoire historique, les possibilités sociales d'accès au passé entre autres, qui construisent le rapport au passé de ces familles immigrées. [...]
[...] Ainsi, un des adolescents interrogé, Karim, aura un rapport au passé familial très fort pour revendiquer son opposition aux mœurs du pays d'accueil et son attachement à la suprématie des hommes dans le passé familial, alors que sa sœur Naima, se détachera complètement de ce passé pour s'émanciper de sa famille. Ainsi, différentes attitudes sont possibles face au passé familial : l'attachement, le rejet ou l'oubli. Attitudes qui peuvent évoluer au cours de l'existence en fonction de l'évolution et des besoins des acteurs sociaux. La finalité de Souvenirs de familles immigrées est la redéfinition voire même l'ébranlement du concept universel de mémoire familiale pour finalement se déplacer vers celui de rapport au passé familial. [...]
[...] Mais ces rapports au pays d'origine varient en fonction de nombreux facteurs (contexte migratoire, condition économique, ) certaines familles ayant coupé tout lien avec le pays d'origine. S'agit-il vraiment d'une mémoire familiale puisque pour certains le pays d'origine n'appartient pas seulement au passé, mais parfois au présent et même au futur ? L'adéquation entre mémoire familiale et lieux d'origine ne va donc pas forcément de soi, il en va de même pour les variations généalogiques. La photographie est un des éléments de la transmission du passé familial, mais là le processus de transmission de la mémoire semble s'inverser lors de l'entretien des photos ou des albums. [...]
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