Michel Leiris est surtout connu du grand public par la seule de ses oeuvres autobiographiques qui ait été publiée en collection de poche, <em>L'Âge d'homme</em>, publiée en 1939. Le texte proposé à l'étude se situe au tout début de l'oeuvre, et nous devons nous interroger sur l'orientation programmée dans ce texte de la lecture à faire de ce livre. Considéré à l'échelle de la production autobiographique de Leiris, cet incipit oscille entre référence au genre (Rousseau, Montaigne, Chateaubriand...) et dynamisme de dépassement vers un au-delà de l'autobiographie traditionnelle. Nous verrons dans une première partie la structure et l'organisation de cet autoportrait atypique, cette prosoprographie qui ouvre l'oeuvre et sa fonction en tant qu'incipit ; puis, dans une seconde partie, les procédés de dénigrement de soi (...)
[...] Michel Leiris, L'Age d'homme Commentaire stylistique Michel leiris Michel Leiris est surtout connu du grand public par la seule de ses œuvres autobiographiques qui ait été publiée en collection de poche, L'Âge d'homme, publiée en 1939. Le texte proposé à l'étude se situe au tout début de l'œuvre, et nous devons nous interroger sur l'orientation programmée dans ce texte de la lecture à faire de ce livre. Considéré à l'échelle de la production autobiographique de Leiris, cet incipit oscille entre référence au genre (Rousseau, Montaigne, Chateaubriand ) et dynamisme de dépassement vers un au-delà de l'autobiographie traditionnelle. [...]
[...] Au physique, je suis de taille moyenne, plutôt petit. J'ai des cheveux châtains coupés court afin d'éviter qu'ils ondulent par crainte aussi que ne se développe une calvitie menaçante. Autant que je puisse en juger, les traits caractéristiques de ma physionomie sont : une nuque très droite, tombant verticalement comme une muraille ou une falaise, marque classique (si l'on en croit les astrologues) des personnes nées sous le signe du Taureau ; un front développé, plutôt bossué, aux veines temporales exagérément noueuses et saillantes. [...]
[...] Mes mains sont maigres, assez velues, avec des veines très dessinées Monstre, le narrateur ne possède plus aucun trait humain. Nous pouvons aussi noter que le narrateur, comme les écrivains du XIXe siècle qui se sont appliqués à observer et à examiner les caractères d'après le physique des individus, associe les traits de son visage à son caractère : ( ) mes deux majeurs, incurvés vers le bout, doivent dénoter quelque chose d'assez faible ou d'assez fuyant dans mon caractère. [...]
[...] Leiris utilise un lexique physionomique, spécialisé. L'emploi des adjectifs qualificatifs concourent à décrire minutieusement le narrateur. Les adverbes parfont les descriptions : plutôt petit plutôt bossué une nuque très droite exagérément noueuses De plus, la comparaison une nuque très droite, tombant verticalement comme une muraille ou une falaise permet d'y voir à la fois le mouvement (verticalement) et l'état de délabrement. Les adjectifs menaçante bossué noueuses rendent l'énonciateur victime de son propre physique. Le narrateur tente pourtant de trouver des raisons à ce physique disgracieux. [...]
[...] Les verbes juger se trouver place le narrateur face à lui. Dans cette phrase, l'énonciateur est objet Il se juge, se critique, se dévalue. Le référent glace est ici majeur car il renvoie son image à l'énonciateur. Cet autoportrait est étrange et inquiétant dans la mesure où il témoigne d'une intention de se peindre sans enjoliver la réalité. Dans cet incipit, Leiris ne fait mention que de ses défauts, il ne se trouve aucune qualité, que ce soit physique ou moral. [...]
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