Lecture analytique d'un poème de Baudelaire dans les Fleurs du Mal: Une charogne.Intro, parties et sous parties, conclusion entièrement rédigées.
[...] Le spectacle est total : visuel, olfactif, auditif. 3./ La poésie, ultime victoire sur la mort - Le pouvoir du poète ne s'arrête pas là. Ici le poète rappelle à la femme aimée qu'il est le seul à pouvoir en quelque sorte vaincre la mort. Ceci est clairement indiqué dans la dernière strophe (et donc la conclusion ) : Alors, ô ma beauté dites à la vermine / Qui vous mangera de baisers, / Que j'ai gardé la forme et l'essence divine /De mes amours décomposés Face à la mort l'artiste a gardé la forme et l'essence divine de son aimée : les deux éléments , la forme et le fond, le charnel et le spirituel, bref il a pu conserver l'être aimé. [...]
[...] Orphée, le premier poète, a pu aller aux Enfers où il a vaincu les monstres (comme Cerbère) et a su amadouer Hadès pour récupérer Eurydice, sa défunte épouse. (Bien sûr il échoue finalement, bien sûr Baudelaire ne donne pas réellement l'immortalité à sa chère et tendre). - Si on se pose la question de la moralité du poème, on peut relever que la revendication d'un pouvoir divin est une étonnante preuve d'orgueil (ou d'hybris grec) dans un memento mori qui justement se doit d'être plus modeste. [...]
[...] Mais Baudelaire ne fait pas seulement ici acte de provocation. Derrière cette description complaisante de la charogne se cache un thème bien connu de la poésie : le memento mori. II./ Le détournement du memento mori amoureux 1./ Un memento mori amoureux - Ce poème, on va le voir, est un memento mori amoureux détourné et ironique. - Un memento mori est une œuvre (picturale, littéraire . ) qui vise à nous rappeler à tous, qui que nous soyons, que nous sommes mortels et que toutes les choses auxquelles nous pouvons accorder de la valeur vont disparaître un jour. [...]
[...] Renforcée par « vivants haillons ». De même pour la strophe suivante : descendait, montait : mouvement avec antithèse. Vie de tous les côtés. Comme une vague. En pétillant : vie et connotation joyeuse. On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague, / Vivait en se multipliant. : souffle fait penser à l'animus antique, le souffle de vie, l'âme. Cette charogne a l'air encore vivante parce qu'elle crée la vie. [...]
[...] L'expression « étrange musique » correspond bien au goût de Baudelaire pour le « bizarre » (citation extraite des Salons : « le beau est toujours bizarre » dont notre poème est une belle illustration). Baudelaire poursuit la comparaison avec « comme l'eau courante et le vent », évoquant ainsi la musique de la nature, dont notre charogne est un exemple, mais aussi le travail du vanneur. Loin d'être un cadavre inerte, la vie et le mouvement naissent de la décomposition. On peut relever l'allitération en qui mime le son du vent. [...]
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