Candide, épisode du nègre de Surinam
Il s'agit de la lecture analytique entièrement rédigée de l'extrait du Chapitre XIX de Candide, relatif à l'épisode du nègre de Surinam. La lecture analytique examine avec détail les procédés d'écriture et les effets que le texte produit sur le lecteur, en analysant systématiquement les citations relevées.
[...] Le discours de l'esclave est un moyen pour l'auteur de dénoncer la barbarie des blancs. → Le parallélisme sur lequel la formule « quand la meule nous attrape le doigt on nous coupe la main, quand nous voulons nous enfuir on nous coupe la jambe » est construite ne met en rien en évidence un châtiment proportionné ou symétrique: la barbarie des blancs n'est en rien rationnelle et se fonde davantage sur la volonté de mutiler et d'altérer la complexion de l'esclave, dans son côté droit que dans son côté gauche. [...]
[...] En insufflant cette richesse au champ lexical de la famille, voltaire signifie par là que le discours de l'Eglise n'est que verbiage superfétatoire et qu'il se déprend indéfectiblement de la réalité. b. Critique implicite des conversions forcées → Voltaire en vient implicitement à s'attaquer aux conversions forcées qui sont avant tout fossoyeuses des coutumes des populations exploitées. Car « usage » chez les blancs semble avoir force de loi. C'est dire que la religion vise avant tout à détourner l'homme de sa culture. [...]
[...] Dans l'échelle du malheur, son existence est bien plus fragile que celle des animaux. Conséquemment, cette déshumanisation de l'esclave, cette quasi réification, traduit la perte d'humanité que dissémine les esclavagistes, qui considèrent leurs victimes comme des marchandises, des biens d'échange. Voltaire fustige alors implicitement l'exploitation irréductible de l'homme par l'homme et retrace, par la voix de l'esclave, sa propre conception de l'esclave: cette double énonciation, cette polyphonie, ruine l'analyse menée par les colons qui considèrent que les esclaves ne sont pas des hommes à cause de leur couleur de peau. [...]
[...] Un « je » discret ouvre le discours et le ferme, l'esclave prenant progressivement conscience qu'il est une entité. aTransition: Le philosophe décrit ici l'avilissement de l'esclave, enferré dans les chaînes du mercantilisme. A cette manipulation et à cette torture physique s'ajoute une manipulation psychologique. b. Une dénonciation: une humiliation morale et psychologique → La mère de l'esclave semble célébrer l'esclavage, dont elle ne connait pourtant pas les ressorts. Ainsi emploie-t-elle un lexique laudatif pour désigner le comportement des « Blancs »: « bénir », « heureux », « honneur » et « fortune » sont autant de termes qui renvoient au champ lexical du bonheur et de l'allégresse. [...]
[...] En esquissant une argumentation par la stratégie du détour, l'auteur vise avant tout à remporter l'adhésion de son lecteur en lui donnant à voir l'horreur subie par les esclaves. A. Une scène pathétique Voltaire sollicite un registre pathétique foisonnant qui convoque tous les ressorts du genre et confère à la scène une dimension afflictive qui suscite l'indignation du lecteur face à l'inféodation d'autres hommes: → la scène qui a lieu est avant tout pathétique, ce que souligne le riche lexique de la mutilation, exhaustif s'il en est, et qui met en exergue la réification de l'esclave, qui est davantage un objet dont les colons disposent à leur guise et dont il est sous la férule la plus complète; → l'appel à la tournure emphatique et exclamative « Ô Pangloss », mise en exergue par le vocalique, infléchit le discours de Candide, empli de commisération et de tristesse face aux avanies que l'esclave doit essuyer. [...]
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