« Le Vieillard et les trois jeunes Hommes » de La Fontaine

Résumé du document

Jean de La Fontaine n'en finit pas de nous étonner avec ses illustres fables qu'elles soient plus ou moins connues ; vous l'aurez compris, le titre de son recueil « les Fables » ne peut être plus explicite, en l'ouvrant c'est dans le royaume du fabuliste que vous plongez. Et « royaume » est bien approprié puisque c'est sous le règne du Roi Soleil que La Fontaine invente et écrit.

Dans « le Vieillard et les Trois Jeunes Hommes », La Fontaine nous propose une fable dans laquelle trois jeunes garçons se moquent d'un vieillard, plantant un arbre ; l'auteur présentant ce débat sur la vie sous forme de dialogue argumentatif. On peut donc s'interroger sur les visées explicites et implicites de cet apologue et comment, grâce à des qualités d'écriture, La Fontaine fait partager cet enseignement aisément compréhensible par le lecteur, ainsi que ses propres opinions à l'avisé.

Extraits

[...] Le Vieillard quant à lui, voile des propos tout aussi forts sous des formulations qui les rendent moindres, tels que les périphrases La Main des Parques Blêmes (v.15) et qui de nous des clartés de la voûte azurée doit jouir le dernier (v.18-19) qui représente chacun une idée de la mort. Il utilise également la question rhétorique comme moyen d'argumentation Est-il aucun moment qui vous puisse assurer d'un second seulement ? (v.20) et Eh bien défendez-vous au Sage de se donner des soins pour le plaisir d'autrui ? [...]

[...] Le Vieillard et les Trois Jeunes Hommes est donc bien une fable, agréable à lire et comportant les caractéristiques de l'apologue dont la principale est de délivrer une leçon, sous forme de morale, à son destinataire. Chez La Fontaine, la morale n'est pas qu'instructive, elle est aussi critique et reflète des opinions personnelles, qu'il ne fallait, à l'époque, mieux pas montrer. C'est en effet grâce à l'implicite que le célèbre fabuliste peut s'exprimer sans s'attirer les foudres de la censure bien qu'ici la critique se dirigerait plutôt vers ses confrères évolutionnaires qui, malgré tout, seront à l'origine de nouveaux états d'esprit, dont celui des Lumières qui s'épanouiront au siècle suivant. [...]

[...] Quelques indices peuvent en effet nous faire penser à la mésentente entre Anciens et Modernes, conflit de l'époque de La Fontaine dans lequel il était même impliqué. L'auteur était, comme les autres Anciens, un grand convaincu et habitué du courant appelé classicisme et ne partageait pas les idées nouvelles des nouveaux artistes appelés les Modernes. Le contexte serait plutôt bien approprié, et on retrouve plusieurs fois dans le récit, des allusions à la Grèce Antique, très fréquemment utilisée comme référence par les Anciens : des Dieux Parques Blêmes (v.15) et emplois de Mars (v.31). [...]

[...] Notons également la graduation que je goûte aujourd'hui, je puis en jouir demain, et quelques jours encore ; je puis enfin compter l'Aurore (v.25-26) qui exprime une continuité, s'opposant là encore à l'argument des Jeunes sur le temps. Les neuf derniers vers représentent la chute, le résultat de la fable. Elle est plutôt tragique, les trois jeunes hommes trouvent la mort, bien que La Fontaine emploie euphémisme et métaphore vit ses jours emportés (v.32), les emplois de Mars servant la République (v.31). [...]

[...] Et royaume est bien approprié puisque c'est sous le règne du Roi Soleil que La Fontaine invente et écrit. Epoque brillante du 17-18ème siècle durant laquelle, malgré les apparences, le poète critique ce[ux] qui l'entoure[nt] tout en offrant un enseignement au Dauphin, fils du roi. Epoque également d'artistes divisés entre Anciens qui ne jurent que par le classicisme et les Modernes qui tendent à s'intéresser à d'autres styles d'écriture, peinture ou philosophie. Dans le Vieillard et les Trois Jeunes Hommes La Fontaine nous propose une fable dans laquelle trois jeunes garçons se moquent d'un vieillard, plantant un arbre ; l'auteur présentant ce débat sur la vie sous forme de dialogue argumentatif. [...]