BRETON (1896-1966) : Etudiant en médecine en 1914, André Breton est mobilisé comme infirmier et découvre la psychanalyse freudienne tandis que s'affirme son goût pour la poésie. Au lendemain de la guerre, il se livre aux premières expériences d'écriture automatique. Après avoir participé au mouvement dada, il est le principal fondateur du surréalisme (Manifeste du surréalisme, 1924), rassemblant artistes et écrivains qui aspirent à une triple libération du langage, de l'esprit et de la société. Tout en publiant des récits (Nadja, 1928), des poèmes, des essais, il maintient l'unité du mouvement malgré les polémiques et les ruptures. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fait connaître le surréalisme aux Etats-Unis. De retour en France, il poursuivra jusqu'à sa mort une réflexion critique et esthétique d'une importance majeure.
Clair de Terre (1923) : Ce recueil date de la "période héroïque" d'un mouvement surréaliste avide de recherches, d'innovations et de provocations. Sous ce titre, qui indique la nécessité poétique d'un changement de point de vue radical dans la perception du monde, André Breton a rassemblé des récits de rêves, des jeux typographiques et des poèmes de formes variées où domine l'écriture automatique : il s'agit alors de capter par les mots les images jaillissant de l'inconscient dans leur force primitive, sans souci esthétique (...)
[...] pleure ; la lenteur . belle . prête à m'obéir . elle s'appuyait sur moi aurores qui font cercle les lumières . se piquent à la cuisse -d'autre part, les repères spatio-temporels échappent au lecteur, trop fluctuants ou vagues, * nous faisant passer de l'éternité à des moments indéterminés : dans la nuit des temps Une nuit où j'étais de quart sur un volcan mon amie était trop loin des aurores au temps de ma millième jeunesse je pris un jour *les repères spatiaux sont quasiment impossible à déterminer : pôle nord ? [...]
[...] Le poème utilise le mot nuit de manière polysémique : aussi bien la nuit de la mort, que la simple nuit humaine, qui s'oppose à la première par sa brièveté. Ainsi une nuit où j'étais de quart sur un volcan s'oppose à la nuit des temps, avec la connotation de faire le guet, un guet sans doute amoureux, ce qui est suggéré par les connotations du volcan, le feu étant la métaphore traditionnelle de l'amour. Cet amour semble fulgurant (connotations de volcan comme semble le confirmer l'image de la torpille qui brille le volcan comme la torpille traduisant la notion de violence et d'explosion (connotation sensuelle ou sentimentale : amour- passion, qui peut faire souffrir par sa violence). [...]
[...] Le poète nous suggère ainsi - mais c'est au lecteur de devenir actif et de faire sa lecture personnelle - l'image tragique de la condition humaine, éphémère, que les actions de l'homme essaient de détourner : j'ouvris, j'ai charmé, je pris, j'ai rajouté artificiellement (verbes d'action), mais qui se retrouve par la force des choses passif devant son destin, écrasé par la transcendance du Temps elle s'appuyait sur moi, jamais . éclairèrent, les canicules me frôlent, elles se piquent à la cuisse devant moi, nous y croyons malgré nous Et voici que s'éclaire la métaphore plus qu'étrange du titre : Le Soleil en laisse Est-ce le pauvre humain qui essaie de domestiquer le peu de soleil de son existence en croyant pouvoir rajouter la quatrième feuille ? (ce serait de l'ironie tragique). [...]
[...] Le surréalisme n'est pas seulement un mouvement littéraire et artistique, il est une tentative pour saisir la vie dans sa totalité, entrelacement sans fin de rêve et de réalité. L'Homme ainsi compris en son entier (sa part consciente et inconsciente) doit alors être capable de renouveler la société, qui le freine dans l'expression de cette dimension globale. Le langage doit se libérer à son tour, notamment par la technique de l'écriture automatique, qui laisse les mots s'inscrire spontanément sur une page, sans contrôle des facultés conscientes. [...]
[...] l'amie est-elle la femme que j'aimais ? ou nous = les Hommes , vu la réflexion plutôt philosophique : nous regardons l'incroyable, nous rendons les lumières heureuses . ? *le il final qui semble représenter le fumeur et qui cherche l'unité de lui-même est-il le même que le je ? représente-t-il le poète ? *aux v 7-12, il y a glissement, par l'intermédiaire de l'ambiguïté du pronom elle de la lenteur à l' amie : je me jetai aux pieds de la lenteur Tant je la trouvai belle et prête à m'obéir . [...]
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