Ce n'est pas le personnage principal du Père Goriot. D'ailleurs, repris par la police, Vautrin disparaît dans la seconde partie du livre. Il joue néanmoins un rôle majeur comme initiateur de Rastignac, le héros du roman. Vautrin représente l'une des voies que pourrait emprunter Rastignac dans son apprentissage de la vie sociale.
Problématique :
Il est donc pertinent de se demander dans quelle mesure le portrait de Vautrin représente un moment important de ce roman.
Plan :
Trois axes permettent de révéler l'intérêt et la richesse de ce portrait. Bien que personnage de fiction, Vautrin est décrit avec un grand nombre d'éléments concrets qui lui donnent une véritable densité humaine. En même temps, c'est un personnage complexe, traversé de tensions et de nuances. Il possède enfin une dimension symbolique qui le rapproche d'un personnage diabolique (...)
[...] En même temps, c'est un personnage complexe, traversé de tensions et de nuances. Il possède enfin une dimension symbolique qui le rapproche d'un personnage diabolique. 1ère partie) Un portrait réaliste : 1ère idée directrice : Un portrait précis : Pour donner l'âge de Vautrin, Balzac utilise un chiffre précis : l'homme de quarante ans ligne 1. Cet âge représente la maturité. Le romancier fournit également, avec une précision de comptable, le prix payé par Vautrin pour son dessert : quinze francs par mois ligne 21. [...]
[...] Plus fort encore, l'ascendant de Vautrin s'exerce sur les esprits. Il séduit jusqu'à susciter l'admiration voilà un fameux gaillard l.2) Il domine et corrompt par son argent (les autres deviennent ses obligés l.11). Il réduit à néant toute résistance seraient morts plutôt que de ne pas le lui rendre l.11). Par la comparaison audacieuse comme un juge sévère l.14), Balzac lui confère même la capacité de renverser les situations en sa faveur : le prisonnier évadé devient juge alors que c'est lui qui a été jugé et condamné. [...]
[...] Sa figure, rayée par des rides prématurées, offrait des signes de dureté que démentaient ses manières souples et liantes. Sa voix de basse- taille, en harmonie avec sa grosse gaieté, ne déplaisait point. Il était obligeant et rieur. Si quelque serrure allait mal, il l'avait bientôt démontée, rafistolée, huilée, limée, remontée, en disant : çà me connaît. Il connaissait tout d'ailleurs, les vaisseaux, la mer, la France, l'étranger, les affaires, les hommes, les événements, les lois, les hôtels et les prisons. [...]
[...] Comme un juge sévère, son œil semblait aller au fond de toutes les questions, de toutes les consciences, de tous les sentiments. Ses mœurs consistaient à sortir après le déjeuner, à revenir pour dîner, à décamper pour toute la soirée, et à rentrer vers minuit, à l'aide d'un passe-partout que lui avait confié madame Vauquer. Lui seul jouissait de cette faveur. Mais aussi était-il au mieux avec la veuve, qu'il appelait maman en la saisissant par la taille, flatterie peu comprise ! [...]
[...] Conclusion : Bilan : Le portrait de Vautrin que nous venons d'étudier se situe dès la quinzième page du roman. Dans son schéma narratif, Balzac a donc rapidement cherché à donner un poids de réalité à son personnage, en multipliant les détails concrets. Mais il a aussi attisé notre curiosité en commençant à dévoiler la complexité du prisonnier évadé. En nous introduisant dans la dimension diabolique du personnage, l'auteur nous invite à le suivre en annonçant, entre les lignes, les événements à venir, comme par exemple le crime qui sera manigancé par Vautrin au chapitre 4 intitulé Trompe-la- mort Ouverture : Figure majeure du père Goriot le personnage de Vautrin réapparaît dans plusieurs œuvres postérieures de Balzac. [...]
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