Marc Antoine Girard de Saint-Amant, (1594-1661), est un grand poète baroque et libertin qui s'est illustré dans tous les genres avec une grande originalité. Il fut aussi un des premiers académiciens. Dans la Suite des Oeuvres du sieur de Saint-Amant, publiée en 1631, le sonnet "Le Paresseux" est sans doute le plus célèbre.
En effet ce poème propose sur le mode burlesque un éloge de la paresse qui peut paraître paradoxal, mais bien dans l'esprit de la personnalité de l'auteur qui aimait les plaisirs et la bonne chère.
(...) Le titre désigne l'auteur lui-même, et le texte est écrit au présent d'énonciation. Le poète utilise des pronoms personnels, "je", "me", et des adjectifs possessifs, "mon", "ma", de première personne, pour confirmer qu'il est bien le principal sujet touché par cette "langueur". Il exprime ses sensations, tactiles avec "je suis fagoté", cette forme verbale au passif accentuant encore son état de paresse, et avec la fin du sonnet, où il indique avec insistance combien il lui a été difficile "d'écrire ces vers", puis visuelles avec le verbe "voir" (v.11) et l'allusion aux "yeux", vers 12. Il exprime aussi ses sentiments, son bien être dans le vers 9, "ce plaisir si doux et si charmant", où la répétition de l'adverbe d'intensité "si" donne un caractère hyperbolique. Le premier mot du texte, "accablé", est également hyperbolique, mais il est aussi ironique car le poète confirme qu'il se complaît dans cet état de léthargie qui est le sien, comme l'indique le vers 7 : "Je consacre un bel hymne à cette oisiveté." (...)
[...] On peut ainsi déceler une forme habile de dénonciation, une dimension polémique. En associant les termes Italie et ensevelie à la rime, il montre l'absurdité de la guerre. Il se moque des préjugés et des préceptes moraux ou religieux, et en bon épicurien préfère l'oisiveté et la bonne chère. Conclusion : C'est donc avec beaucoup d'humour que Saint-Amant parvient à faire l'éloge de la paresse, mais le texte pousse le lecteur à se pencher sur un état qui n'est finalement pas totalement passif, puisque la paresse invite à une réflexion sur la réalité, permet le discernement, le confort d'une certaine indépendance d'esprit. [...]
[...] Ce sonnet original séduit par son humour, son habileté à faire passer un message d'humanité et de bon sens, avec un discours qui montre que le poète ne se prend pas au sérieux. On retrouvera cette tonalité plaisante dans maints extraits de son œuvre, par exemple dans le poème Le melon extrait du même recueil, qui est un délicieux éloge de la gourmandise. [...]
[...] Dans la Suite des Œuvres du sieur de Saint-Amant, publiée en 1631, le sonnet Le Paresseux est sans doute le plus célèbre. En effet ce poème propose sur le mode burlesque un éloge de la paresse qui peut paraître paradoxal, mais bien dans l'esprit de la personnalité de l'auteur qui aimait les plaisirs et la bonne chère. Ce sonnet original semble jouer avec humour sur la provocation pour séduire le lecteur. Nous verrons qu'il s'agit d'une évocation pleine de fantaisie, puis que ce poème revendique indépendance et liberté. [...]
[...] Néanmoins il associe à la rime, dans les vers 6 et les mots royauté et oisiveté ce qui peut signifier que les grands décident de ces fléaux, mais qu'ils sont oisifs. L'important lexique du sommeil et du repos vient confirmer ce propos : Je rêve sans me soucier Le rêve permet l'évasion, il permet d'évacuer les tristes réalités de ce monde. Il accentue cette impression de repos et de passivité également par le rythme. L'adverbe Là au début du second quatrain, désigne le lieu où il se trouve, c'est à dire son lit mais il installe aussi un rythme lent et une grande sérénité. [...]
[...] Mais la fin du second quatrain note également qu'il a l'âme . ensevelie oxymore qui indique que son esprit est également inerte, ce que renforcent les nombreuses assonances nasales de ce vers : Où mon âme en langueur est comme ensevelie. Le dernier tercet fait la satire du travail en présentant une attaque ironique et burlesque envers son collègue académicien, Jean Baudouin . II Un poème qui revendique indépendance et liberté : un éloge paradoxal : L'anacoluthe du vers initial du dernier tercet indique que le poète hai[t] tant le travail avec un verbe renforcé par un adverbe d'intensité. [...]
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