Les poèmes du recueil <em>Le Parti pris des choses</em> se situent entre la fable et la leçon de choses : après une définition-description qui donne les qualités essentielles du sujet du poème, généralement un objet de la vie quotidienne ou un animal courant, on trouve une conclusion ayant une apparence de morale. Dans ses entretiens à destination de la presse, Ponge ne cachait pas son admiration pour le fabuliste Jean de La Fontaine.
Les poèmes portent sur des choses banales, qui sont désignées par le titre : "du pain", "du savon", "une huitre", "un cageot". Francis Ponge, comme un autre poète, Jean Cocteau, propose de voir autrement les objets quotidiens, de les redécouvrir.
Il renverse la hiérarchie habituelle en poésie en faisant un poème sur un objet familier.
"Le Papillon" est un poème en prose constitué de 5 paragraphes de quelques lignes qui décrit une scène champêtre avec un papillon qui « vagabonde au jardin ».
Francis Ponge décrit à la fois l'insecte et ses caractéristiques essentielles, avec une analogie entre le sujet décrit et le poète.
Le poème est un jeu de mots sur l'objet et le nom, ce que Ponge appelle un « objeu », car il exprime la réalité de la chose par un jeu de mots. (...)
[...] Au contraire il recommande de travailler la forme même du poème, comme le firent au 19ème siècle les poètes parnassiens. Son souci est d'atteindre l'expression adéquate de l'objet dont il est question. Le Papillon Lorsque le sucre élaboré dans les tiges surgit au fond des fleurs, comme des tasses mal lavées, - un grand effort se produit par terre tous les Papillons tout à coup prennent leur vol. Mais comme chaque chenille eut la tête aveuglée et laissée noire, et le torse amaigri par la véritable explosion d'où les ailes symétriques flambèrent, Dès lors le papillon erratique ne se pose plus qu'au hasard de sa course, ou tout comme. [...]
[...] On note la proximité phonétique de deux mots, guenille et chenille Le verbe papillonner n'est pas employé, mais suggéré par le comportement du papillon. Il folâtre, cherchant à séduire une fleur ou une autre, mais sans succès. III L'ANALOGIE DU POETE ET DU PAPILLON A La personnification du papillon On note la personnification du papillon à qui sont pretés des traits humains : tête torse lampiste il vérifie il venge il vagabonde 11). B Les aspects du destin du papillon qui figurent celui du poète Certains aspects du destin du papillon figurent le destin du poète lui-même : - La métaphore du papillon en paria : guenille atrophiée humiliation maltraité vagabonde 11). [...]
[...] Minuscule voilier des airs maltraité par le vent en pétale superfétatoire, il vagabonde au jardin. [...]
[...] Les papillons sont comme appelés par le sucre du pollen des fleurs. Il y a une comparaison explicite avec comme entre les fleurs et des tasses mal lavées le rapprochement se faisant par la forme de corolle des deux. Le registre de la langue n'est pas homogène, on note l'utilisation de différents registres : - le registre courant avec des images triviales ou des expressions populaires : tasses mal lavées ou tout comme n'importe - le registre soutenu avec des qualificatifs recherchés : erratique atrophiée amorphe superfétatoire 11). [...]
[...] En effet on remarque que : - sa flamme n'est pas contagieuse 7). - il ne peut rien faire aux fleurs : il arrive trop tard et ne peut que constater les fleurs écloses 7). Comme les abeilles, le papillon transporte le pollen d'une fleur à l'autre, mais n'est pas lui même source de vie. L'adverbe et d'ailleurs il arrive trop tard souligne l'impuissance du papillon. Le papillon a alors une autre fonction : il est lampiste c'est à dire celui qui est chargé de l'entretien des lampes, comme si les fleurs avaient une réserve d'huile. [...]
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