Pour certains jeunes étudiants, la littérature orientale, et plus particulièrement japonaise, relève quasiment de l'inconnu. En effet, il est bien rare que les professeurs nous proposent l'étude d'oeuvres aussi exotiques, mais aussi éloignées de notre monde occidental, très ancré, pour ma part, dans une littérature plutôt traditionnelle. Le défi est donc de taille d'avoir le privilège de goûter à une telle littérature, qui plus est d'étudier une oeuvre d'un des plus importants écrivains japonais de l'ère Meiji, en l'occurrence Akutagawa Ryûnosuke (...)
[...] Le professeur essayera alors de mettre en relation les coutumes occidentales et japonaises par rapport à l'attitude de la femme japonaise plutôt stoïque face au décès de son fils, et de l'attitude de jeunes allemands éplorés, chagrinés par la mort de leur empereur Guillaume Ier. Le professeur après la conversation, et après avoir reçu un article d'une revue ayant pour titre "Conseils aux jeunes gens", s'empressera d'écrire son expérience du jour. A cela, se mêleront diverses coïncidences entre la rencontre de la femme au mouchoir et ce l'écrit de Strindberg, l'auteur du livre que lira Hasegawa avant la venue inopinée de la femme. [...]
[...] Il serait peu convenable de suivre, tête baissée, cette voie, car la suite du texte nous ferait mentir. En effet, la douleur est certes absente sur le visage de la japonaise ; néanmoins elle est belle et bien présente intérieurement puisque le texte nous indique que ce fameux mouchoir, qui est le titre de la nouvelle, est tiraillé fortement dans les mains de la femme : mais, aussitôt, le professeur s'aperçu du tremblement des mains qui serraient et tiraillaient le mouchoir si fortement qu'il risquait de se déchirer, tremblement qui était certainement dû à une agitation intérieure qu'elle essayait de réprimer de toutes ses forces Le stoïcisme et le Bushidô ne sont en quelque sorte que des masques qui ne servent qu'à brouiller la réalité des sentiments. [...]
[...] Souvenons-nous dans le roman de Stendhal La Chartreuse de Parme, Clélia et Fabrice, qui ne peuvent physiquement se voir, utilisent le mouchoir comme signe que tout va bien. Le mouchoir a donc souvent une destinée sémiotique qui n'est pas anodine. L'humain consciemment ou bien inconsciemment, comme dans notre texte, s'en sert pour communiquer. Et c'est bien le cas ici pour la femme dans notre nouvelle. C'est cet étrange mouchoir et son tremblement qui vont révéler ses réels sentiments, qui sont eux-mêmes cachés par la tradition du Buhidô. [...]
[...] Cette dramatisation est notamment emportée par la tournure des phrases du récit. La nouvelle Le mouchoir d'Akutagawa nous offre de nombreuses pistes de réflexion qui nous amènent toutes à en conclure qu'il s'agit d'un auteur talentueux sachant à travers une écriture fluide, certes classique, mais bien domptée, être au fait des grandes problématiques de son époque. Et c'est ici l'occasion pour le lecteur d'avoir connaissance des conséquences des difficultés de l'occidentalisation du Japon ; du rapport entre le japonais occidentalisé, dit hybride et le japonais de base, traditionnel, très ancré dans les coutumes ancestrales, comme ici avec le Bushidô. [...]
[...] Le professeur Hasegawa est le type même du Japonais de souche influencé de toute part. Sa femme est américaine, il a vécu en Allemagne, il lit des auteurs Scandinaves De plus sa femme s'est très bien adaptée à la vie au Japon car c'est elle-même qui, souvenons-nous, a acheté la lanterne parce qu'elle lui plaisait. Cet achat est symbolique, il montre la possibilité d'une entente entre cultures différentes. C'est ainsi qu'en regardant la lanterne, monsieur Hasegawa pense à sa femme : le professeur laissait errer sa pensée de sa femme Les objets et notamment la lanterne ont tous une symbolique essentielle pour l'étude de la nouvelle Le mouchoir Ils servent tous de fil conducteur au développement de l'intrigue. [...]
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