Guillaume Apollinaire (1880-1918) a été journaliste, directeur de revue et critique d'art avant d'être poète. En 1911, il publie le recueil Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée dont est tiré le poème "Le hibou" qui aborde le sentiment amoureux. Comment le poète renouvelle-t-il ce thème classique de la poésie ? Nous verrons qu'il associe intimement amour et souffrance puis qu'il évoque ce lien dans une poésie illustrée novatrice dont la portée symbolique transmet une vision sensible au lecteur (...)
[...] Une poésie novatrice : Structure originale : Bien loin du sonnet lyrique académique, ce poème est composé d'un seul quatrain. De plus, même si la métrique est régulière - le quatrain est composé de vers isométriques tous octosyllabiques - le rythme est irrégulier. Au rythme binaire en 4-4 du premier vers succèdent les rythmes ternaires des deuxième et troisième vers en 2-3-3 et 2-2-4 pour revenir à un rythme binaire encore différent en 5-3. En outre, les rimes sont toutes suivies, le schéma est donc AAAA, ce qui change du AABB, plus classique. [...]
[...] Un hibou : Apollinaire privilégie le choc de l'image en comparant son cœur à un hibou clouté. Le hibou est traditionnellement associé au malheur. Le clouer à une porte est un geste superstitieux qui date du Moyen-âge, période dans laquelle le choix du bestiaire nous avait déjà ancrés. Il est censé éloigner les malheurs et conjurer le mauvais sort. Apollinaire fait ici une analogie avec l'amour que l'on doit sacrifier car il est source de souffrance. Clouer le hibou signifierait aimer car cette souffrance est comparable à celle de l'amour. [...]
[...] Permanence du sentiment amoureux : Avec l'emploi du présent de l'indicatif à valeur d'habitude tout au long du poème, Apollinaire suggère que l'amour vient, va et revient. C'est un sentiment qui s'inscrit dans la permanence. Le poète, il est vrai, a beaucoup aimé dans sa vie. Marie Dubois, Marie Laurencin et Louise de Coligny-Châtillon ont été quelques-unes de ses nombreuses grandes amours. L' «ardeur (v.3) de son amour le rendait si jaloux que ses maîtresses l'ont toutes quitté, ce qui explique peut-être que son cœur soit à bout (v. 3). [...]
[...] En 1911, il publie le recueil Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée dont est tiré le poème Le Hibou qui aborde le sentiment amoureux. Comment le poète renouvelle-t-il ce thème classique de la poésie ? Nous verrons qu'il associe intimement amour et souffrance puis qu'il évoque ce lien dans une poésie illustrée novatrice dont la portée symbolique transmet une vision sensible au lecteur. I . Vision de l'Amour : Souffrir d'aimer : Dès le premier vers, Apollinaire emploie un procédé métonymique afin que le lecteur ait pitié de l'homme épris qu'il résume à un pauvre cœur Ainsi, la triple répétition du pronom impersonnel on (v.2) nous donne l'impression que nombreux sont ses ennemis face à un je (v.4) qui permet au poète, avec le pronom personnel complément m' (v.4) et l'adjectif possessif mon d'affirmer sa présence souffrante. [...]
[...] III Une portée symbolique : Orphée : Apollinaire a appelé son recueil Bestiaire ou Cortège d'Orphée car les animaux, dont le hibou, sont charmés par sa musique envoûtante. Pour rappel, Orphée, personnage mythologique, joue admirablement de la lyre avec laquelle il attendrit même les bêtes féroces, les arbres et les rochers. D'autre part, Orphée, désespéré de la mort de sa femme Eurydice, signe un pacte avec le dieu Hadès par lequel il pourra la récupérer aux enfers à la condition de l'en sortir sans se retourner. [...]
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