Le fanatisme, ou Mahomet le prophète est une tragédie écrite en 1741 par Voltaire ; cette pièce relate la conquête de la Mecque par Mahomet.
Séide vient de prêter serment devant Dieu pour être l'intermédiaire qui entraînera la mort de Zopire (qui est, selon le prophète Mahomet, un ennemi de Dieu qu'il faut exécuter). Cette situation bouleverse Séide, soumis à Mahomet il ne peut refuser d'accomplir ce geste funeste mais il répugne à devenir un assassin, surtout celui de Zopire pour lequel il ressent une tendresse qu'il ne s'explique pas.
Dans cette pièce de théâtre, nous nous demanderons en quoi le genre tragique permet à l'auteur d'illustrer le fanatisme de Séide d'une manière encore plus frappante.
Tout d'abord nous verrons que les scènes 3 et 4 de l'acte IV constituent l'enjeu de la pièce ; ce moment décisif se manifeste par les passions qui habitent Séide et mettent en scène un violent combat intérieur. Ces deux scènes dressent un portrait terrible de Séide en fanatique idéal et en montrent les conséquences dramatiques.
I / Une scène tragique.
Cette pièce respecte les règles de la tragédie ; elle est écrite en alexandrins et relate des faits historiques importants : la conquête de la Mecque par Mahomet. Les personnages qui apparaissent sur scène sont de haute condition et offrent à voir des passions exaltées. La tragédie est caractérisée par la représentation des passions qui sont poussées à leur comble. Mahomet est un prophète impitoyable et manipulateur, il incarne le rôle du « méchant » qui inspire l'horreur ; cet aspect est intensifié à travers sa volonté de vengeance et son ambition. Pour se venger de Zopire, qui a tué son fils et qui refuse de se soumettre, il se sert des enfants de ce dernier comme outils de sa vengeance. Il encourage des feux incestueux entre le frère et la soeur qu'il élève dans la haine de Zopire ; Mahomet s'impose devant Palmire et Séide comme un père, un maître et un Dieu (...)
[...] Séïde Servir le ciel, te mériter, te plaire. Ce glaive à notre Dieu vient d'être consacré. Que l'ennemi de Dieu soit par lui massacrer ! Marchons. Ne vois-tu pas dans ces demeures sombres Ces traits de sang, ce spectre, et ces errantes ombres ? Palmire Que dis-tu ? Séïde Je vous suis, ministres du trépas ; Vous me montrez l'autel ; vous conduisez mon bras. Allons. Palmire Non, trop d'horreur entre nous deux s'assemble. Demeure. Séïde Il n'est plus temps, avançons ; l'autel tremble. [...]
[...] Le dilemme a lieu entre délibérer et respecter sa foi, entre penser et croire. On retrouve dans sa tirade des marques de rhétorique qui montre les retournements et le flux des passions qui envahissent Séide, mais à cette construction apparente, son esprit confus résiste et des élans contradictoires se succèdent tout au long du passage. On constate que le texte est régi par l'opposition de deux forces opposées, comme par exemple bon et meurtre effroyable ou barbare et sacrilège Les oppositions surviennent dans les expressions même, ce qui crée des oxymores comme saintes fureurs ou dans ce qui désigne Mahomet : il est à la fois plein de courroux d'« autorité et plein de tendresse de grandeur Pour le croyant le doute n'est pas concevable, c'est un blasphème. [...]
[...] Si le ciel veut un meurtre, est-ce à moi d'en juger ? Est-ce à moi de m'en plaindre, et de l'interroger ? J'obéis. D'où vient donc que le remords m'accable ? Ah ! Quel cœur sait jamais s'il est juste ou coupable ? Je me trompe, ou les coups sont portés cette fois ; J'entends les cris plaintifs d'une mourante voix. Séïde hélas! Séïde, revient d'un air égaré. Où suis-je ? Et quelle voix m'appelle ? Je ne vois point Palmire ; un Dieu m'a privé d'elle. [...]
[...] Vous me voyez, Palmire, en proie à cet orage, Nageant dans le reflux des contrariétés, Qui pousse et qui retient mes faibles volontés. C'est à vous de fixer mes fureurs incertaines ; Nos cœurs sont réunis par les plus fortes chaînes : Mais sans ce sacrifice, à mes mains imposé, Le nœud qui nous unit est à jamais brisé. Ce n'est qu'à ce seul prix que j'obtiendrai Palmire. Palmire Je suis le prix du sang malheureux Zopire ! Séïde Le ciel et Mahomet ainsi l'ont arrêté. Palmire L'amour est-il donc fait pour tant de cruauté ? [...]
[...] Zopire a une mort qui se rapproche de celle des martyrs chrétiens : il est mort comme il le désir, en embrassant ses enfants. Malgré l'horreur de ce qui vient d'être commis, c'est une mort apaisée, fondée sur la bénédiction, sans ressentiments. Conclusion : En conclusion, les scènes 3 et 4 de l'acte IV correspondent au point culminant du Fanatisme ou Mahomet le prophète, c'est le moment où les passions se portent à leur paroxysme. Les forces s'affrontent et s'opposent et c'est finalement la puissance de Mahomet qui prend le dessus, Séide illustre le type parfait du fanatique. [...]
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