Commentaire composé d'une extrait du roman de Jean-Marie Le Clézio L'Africain consacré aux fourmis.
[...] Je ne m'en souviens pas, mais j'ai dû crier, hurler même l23 (hypothèse), à la peau l30 (c'est sa peau) : l'enfant ne se souvient plus que de sa peur, le reste n'avait plus aucune importance. Puis les deux comparaisons l27/28 et l28 comme on enlèverait une peau morte et comme si j'avais été fouetté par des branches épineuses nous informent que l'enfant a toujours peur même après, et qu'il ne peut s'empêcher de transformer tout ce qu'il voit en quelque chose d'horrible. C'est le choc émotionnel. [...]
[...] Au contraire des termites, doux et sans défense, incapables dans leur cécité de causer le moindre mal, sauf celui de ronger le bois vermoulu des habitations et les troncs des arbres déchus, les fourmis étaient rouges, féroces, dotées d'yeux et de mandibules, capables de sécréter du poison et d'attaquer quiconque se trouvait sur leur chemin. C'étaient elles les véritables maîtresses d'Ogoja. Je garde le souvenir cuisant de ma première rencontre avec les fourmis, dans les jours qui ont suivi mon arrivée. Je suis dans le jardin, non loin de la maison. Je n'ai pas remarqué le cratère qui signale l'entrée de la fourmilière. Tout d'un coup, sans que je m'en sois rendu compte, je suis entouré par des milliers d'insectes. [...]
[...] En tant qu'évènement fondateur de la personnalité, l'écriture de ce souvenir est largement justifiée par la nature même de l'extrait : une (auto) biographie, de plus un autoportrait, exige de mettre l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité. (Lejeune 1975). Néanmoins le père est l'occasion de son livre, on est donc en droit de se demander le rôle exact que cet homme a joué dans la vie de Le Clézio et surtout quel rôle il a eu dans cet extrait. [...]
[...] Déjà cette idée est exprimée par l'attaque soudaine des fourmis. Ensuite c'est le rythme lent tout d'abord exprimé par des marqueurs de temps tout le long du texte Tout d'un coup l11/12 et l16 etc. puis par des phrases longues (surtout pour l'action elle-même l15 à ensuite par un rythme ternaire qui donne l'impression que l'enfant est entraîné : Je reste immobile, incapable de fuir, incapable de penser l15/16. Enfin la domination des propositions subordonnées : Je ne m'en souviens pas, mais j'ai dû crier, hurler même, parce que l23/24, et la présence d'hyperbates qui relancent les phrases : , je vois l17 étirent considérablement les phrases. [...]
[...] Analyse Court récit autobiographique, L'Africain tire son éclat de la double rencontre de Jean-Marie Le Clézio : avec l'Afrique et surtout avec son père. Publié en 2004, près de 20 vingt ans après la mort de ce dernier, ce livre lui rend hommage. Homme "pessimiste et ombrageux et autoritaire", ce père restera, malgré leurs retrouvailles, un étranger pour le jeune Le Clézio. Cet ouvrage débute en 1948 : alors qu'il est seulement âgé de huit ans, Le Clézio quitte Nice avec sa mère et son frère pour rejoindre son père médecin au Nigeria, dont il fut longtemps séparé. [...]
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