Jean de La Fontaine est le fabuliste le plus connu en France.
Dans la seconde moitié du XVII siècle, il publie plusieurs recueils de fables qui connaîtront un vif succès (...)
[...] L'Empédocle de Cire au brasier se fondit : 20 Il n'était pas plus fou que l'autre. Hymette : montagne de Grèce, au sud d'Athènes. Elle était réputée pour son excellent miel, la nourriture des dieux par excellence, raison pour laquelle Hymette était célébrée par les poètes. Ambroisie : nourriture des dieux de l'Olympe, buveurs d'ambroisie et mangeurs de nectar, procurant l'immortalité. Ici, il s'agit de miel. Empédocle : philosophe grec présocratique. Il a mis sur pied une cosmogonie basée sur les quatre éléments. Leurs rapports seraient régis par l'Amour et la Haine. [...]
[...] L'enjambement des vers 5 et 6 témoigne ainsi de l'abondance d'informations. - dans la caractérisation du personnage principal, le cierge : Malgré la brièveté de la fable, le souci du détail veut que le cierge ait un caractère propre. Au fil de la fable, il acquiert ainsi une véritable personnalité : comparé à Empédocle (vers tenté par l'immortalité (vers 11 et 12) et taxé de folie (vers 14 et 20). En plus d'une personnalité, le récit lui confère de véritables qualités psychologiques : .logique : voyant la terre en brique durcie, vers 11 .émotion : il eut la même envie, vers 12. [...]
[...] II- L'ART DU RÉCIT AU SERVICE DE L'ARGUMENTATION Une narration courte et dynamique Comme cela a été précisé dans l'introduction, la fable est adressée au Dauphin, c'est-à-dire à un enfant. La Fontaine sait qu'il doit captiver rapidement son lecteur : - le choix du discours narratif assure une progression dynamique du récit. L'auteur utilise ainsi : .les verbes d'action au passé : vers s'en allèrent ; vers 15, se lança .les connecteurs temporels : vers Quand ; vers Après que ; vers 13, Et .la brièveté du récit. [...]
[...] Les premières, dit-on, s'en allèrent loger Au mont Hymette et se gorger Des trésors qu'en ce lieu les zéphirs entretiennent Quand on eut des palais de ces filles du Ciel Enlevé l'ambroisie en leurs chambres enclose, Ou, pour dire en Français la chose, Après que les ruches sans miel N'eurent plus que la Cire, on fit mainte bougie ; 10 Maint cierge aussi fut façonné. Un d'eux voyant la terre en brique au feu durcie Vaincre l'effort des ans, il eut la même envie ; Et, nouvel Empédocle aux flammes condamné, Par sa propre et pure folie Il se lança dedans. Ce fut mal raisonné ; Ce Cierge ne savait grain de Philosophie. Tout en tout est divers : ôtez-vous de l'esprit Qu'aucun être ait été composé sur le vôtre. [...]
[...] La Fontaine reprend ici, à sa façon, l'image du mythe d'Icare. - l'homme doit savoir rester humble : Quand l'auteur écrit : ôtez-vous de l'esprit / Qu'aucun être ait été composé sur le vôtre. (vers 17-18), il dit tout aussi clairement que l'homme n'est pas le centre du monde mais n'est qu'un être parmi les autres. On notera dans ce sens toute l'ironie de la périphrase pompeuse du vers 19, L'Empédocle de Cire. CONCLUSION Remarquable par la légèreté et le dynamisme narratifs, maniés avec habileté par La Fontaine, ces atouts ne doivent cependant pas masquer l'essentiel. [...]
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