Le Cid est la seconde tragi-comédie de Corneille. La pièce met en relief, à travers le déchirement de Rodrigue pris entre son amour pour Chimène et la nécessité de venger son père, le conflit entre les sentiments et l'honneur qui définit le théâtre cornélien.
Le théâtre impose des contraintes particulières, dans la mesure où tout est au discours direct et doit passer par la parole des personnages. C'est ce qui justifie, dans le théâtre classique, l'existence des confidents. Grâce à eux, le spectateur est en effet informé des faits nécessaires à la compréhension de l'action.
La scène d'exposition du Cid est originale par sa structure et son contenu. Après une introduction, l'essentiel est constitué par la tirade où Elvire expose pour la seconde fois à Chimène son entretien avec Don Gormas, son père. La scène se ferme sur la mention des craintes de la jeune fille. Le contenu est captivant dans la mesure où, malgré les certitudes réitérées par Elvire, la fin de la scène conduit vers les malheurs qui forment la trame de la pièce. Ce passage donne donc des indications sur la situation présente mais aussi sur les événements à venir. Dès le début de la scène, le spectateur reçoit ainsi des informations variées concernant les personnages et les prémices de l'intrigue.
La référence à une situation antérieure
Le rôle du confident
Les deux premiers vers de la pièce énoncent une double question adressée par Chimène à Elvire qui est ainsi immédiatement nommée. Ces vers donnent quelques indications sur le moment où s'ouvre la pièce et sur son contenu. (...)
[...] Cette mise en valeur du héros bien né, cette association entre le rang, la beauté physique et la valeur morale sont spécifiques d'un contexte politique et idéologique dans lequel la noblesse tend à affirmer sa puissance face au pouvoir royal. L'intrigue Plusieurs termes font état d'un choix nécessaire du père de Chimène : choix (vers. brigue (vers. choisir (vers balancée (vers proposer (vers. 50). Plusieurs signes montrent que ce choix, qui porte sur l'homme que Chimène doit épouser, semble conforme aux désirs de la jeune fille : Il vous commandera de répondre à sa flamme (vers. [...]
[...] Les termes approuve, espoir charmant, douce liberté à à connotation positive, en sont une indication. Dans ces conditions, la répétition du rapport d'Elvire a plusieurs fonctions. C'est d'abord un artifice théâtral qui permet au spectateur de connaître la situation, que connaissent déjà les personnages présents sur scène. Mais la requête de Chimène a également une double signification psychologique : elle traduit la puissance d'un amour dont elle est uniquement préoccupée, et le plaisir d'entendre une seconde fois un discours agréable, mais aussi peut-être une inquiétude vague non encore formulée. [...]
[...] Les éléments de récit et de discours permettent de donner des informations, non seulement sur les personnages présents, mais sur ceux dont il est question. C'est une façon de faire parler un personnage absent, qui gagne ainsi en épaisseur. La scène se trouve ancrée dans un passé, une durée, une histoire. Mais, on remarque également plusieurs termes relatifs aux sentiments personnels. Ainsi charmés (vers. flamme (vers. charmant discours (vers. amour (vers. douce (vers. 12). Ces termes sont tous, dans ce début de scène, connotés positivement. [...]
[...] Le fait qu'à l'exception de Chimène ils n'apparaissent pas sur scène permet de les décrire de l'extérieur et de préciser leurs caractéristiques de façon apparemment objective. La mise en place de l'intrigue se fait schématiquement en deux temps. Si l'union de Chimène et Rodrigue paraît assurée, des incertitudes se font jour, d'autant plus étranges qu'elles ne semblent pas fondées en raison. Cette importance de la notion de destin fait basculer la scène dans le tragique. Dès lors, l'issue attendue par Chimène ne peut être que douloureuse. [...]
[...] 33-34), tel degré d'honneur (vers. rare vaillance (vers. hauts exploits (vers. 47). Des images hyperboliques soulignent la constance de ces qualités dans les familles. Ainsi l'association entre la valeur et la naissance, soulignée par le superlatif si féconde (vers. 31) et les pluriels guerriers, lauriers (vers et l'évocation de Don Diègue à travers des procédés analogues : Ses rides . ont gravé ses exploits (vers. 35). Ces procédés décrivent la tonalité épique, dominante dans cette scène. Ils permettent de mettre en valeur la grandeur des personnages et plus particulièrement celle de Rodrigue de façon à justifier le choix prévisible du Comte. [...]
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